Michèle et Alain ont pris l’avion mercredi 23 mars, au lendemain des attaques qui ont ciblé la station de métro de Maelbeek et l’aéroport national de Zaventem. Le trafic aérien est depuis au ralenti dans notre pays. C’est de la ville de Milan qu’ils ont fait part de leur témoignage concernant l’ambiance générale qui régnait dans l’aéroport de Charleroi.
La plupart des compagnies acceptent de rembourser sans frais d’annulation. Mais, malgré les attentats, le couple se raisonne : ne pas partir, ce serait “transmettre le message aux terroristes qu’ils ont gagné le pari de nous faire plier“.
Les voyageurs doivent faire face à de nouvelles et exceptionnelles mesures de sécurité. La veille sur le site de l’aéroport de Charleroi, il était conseillé de venir près de quatre heures à l’avance pour avoir son vol. Le voyage commence déjà avant l’aéroport. Alors qu’il n’est que 4h du matin, ils se retrouvent bloqués dans les bouchons aux abords de l’aéroport. Le couple se résigne à faire la dernière partie du trajet à pied. « Notre fils nous a déposé à plus d’un kilomètre du terminal suite aux contrôles systématiques des véhicules par la Police Fédérale et des embouteillages que cela créait » nous explique Michèle. Le couple est très rapidement suivi par d’autres personnes, qui craignent elles aussi de manquer leur avion. Finalement, ce dernier décollera avec près d’une heure de retard.
La sécurité avant tout
Avant d’entrer dans le terminal, une fouille des bagages était organisée à l’aide de chiens pisteurs. Face à la file qui se forme à l’entrée du bâtiment, Alain suggère de faire comme dans certains aéroports où, dès l’entrée, il faut immédiatement déposer tous les bagages sur un tapis roulant qui les scanne.
Une fois dans l’enceinte, c’est une autre ambiance qui s’offre à eux. « Le gros problème, c’est qu’il n’y avait qu’un militaire, mitraillette au poing, pour canaliser des groupes de 500 passagers, voire plus. Inévitablement, il y a eu de nombreux débordements » explique Alain. Heureusement le personnel de l’aéroport ne laissait rien transparaître. « Le personnel navigant et les employés de la sécurité semblaient sereins. Ces derniers avaient reçu du renfort » déclare le couple.
“Nous suivons l’actualité et l’évolution des évènements sur internet”. Peu d’infos leurs sont communiquées en ce qui concerne le retour samedi. Michèle espère que les contrôles se feront plus rapidement, tout en restant efficaces.
Peu d’annulations malgré la menace
Alain et Michèle ne sont pas les seuls dans cette situation d’incertitude. Isaline Jadoulle, étudiante belge dans le milieu de l’environnement à Québec, doit revenir dans notre pays ce week-end. Elle n’aime pas l’avion en règle générale mais, elle tente de se rassurer : ” Je me dis que les avions que je prends ne sont pas nécessairement ceux qui sont ciblés“. Après une escale à Londres, elle devrait rejoindre Zaventem si la réouverture prévue ce samedi a bien lieu. ” Si jamais je devais être amenée à rejoindre un autre aéroport, je me suis arrangée avec mes parents pour venir me chercher. Même à Paris s’il le faut” relativise-t-elle.
Du côté l’agence de voyage U Go Travel, située à Molenbeek, on reçoit de plus en plus de demandes des voyageurs dont le départ est proche. « Ils nous contactent inquiets pour savoir si leur voyage est maintenu, modifié, voire annulé » explique Caroline Hoogstoel. Tout ce qui est en leur pouvoir, c’est donner des consignes aux voyageurs. Celles-ci sont assez simples.
« Il s’agit d’attendre que les compagnies aériennes et tours opérateurs mettent en place un plan B. Cependant, certaines compagnies autorisent l’annulation sans frais », poursuit Caroline. « Heureusement peu d’annulations sont à déplorer jusqu’à présent : environ 10%. Ceux qui maintiennent leur voyage sont redirigés vers les autres aéroports (en Belgique, France ou encore aux Pays-Bas). Ce sont les vacances de Pâques qui vont en pâtir sans aucun doute » conclut elle.