Elke Sleurs, secrétaire d’Etat NVA, veut installer la collection d’art moderne aux musées royaux des Beaux-arts. Problème, cet espace est déjà occupé par le musée « Fin de siècle ».
Les collections d’art moderne et contemporain du musée des Beaux-Arts ne sont plus accessibles au public depuis 2011. Celles-ci sont « cachées » depuis 4 ans dans les réserves du musée. La solution avancée par la secrétaire d’Etat, Elke Sleurs, pour ne pas gâcher ce patrimoine culturel est de le replacer dans le musée des Beaux-Arts. Première conséquence : cela signifierait la fermeture du musée «Fin de siècle ». La secrétaire NVA voudrait déménager les collections d’art moderne et contemporain et les remettre exactement là d’où on les avait retirées : dans le « puits » aux étages -4 et -8 du musée. Mais cet espace a entre temps été aménagé pour accueillir le musée « Fin de siècle ». Coût de la transformation : 7.5 millions d’euros . Elke Sleurs se justifie dans La Libre Belgique en précisant que : « La collection d’art moderne y a bien été de 1981 à 2011 alors que le musée Fin de siècle n’y est que depuis un an ».
Le projet engendrerait une autre conséquence : l’idée d’un nouveau musée d’Art Contemporain dans le garage Citroën au Canal tomberait à l’eau. L’avis d’Alain Courtois est sans équivoque, le projet : « doit bénéficier au quartier (du canal) en termes urbanistique et économique ».
Pour Karine Lalieux, députée fédérale belge, échevine de la Culture et de la Propreté Publique de la Ville de Bruxelles, ce n’est pas à la Ville de Bruxelles de trouver une solution mais elle doit y participer, ce que la Ville a déjà fait : « Ce serait donc de la folie de la part du fédéral et de la Secrétaire NVA de fermer le musée ‘Fin de siècle’, qui fonctionne très bien et a coûté 11 millions d’Euros. ».
Une proposition provocatrice ?
Karine Lalieux n’y va pas quatre chemins : « La NVA est arrogante puisque c’est une secrétaire d’Etat qui ne connait rien à la culture. Elle n’a même pas encore pris la peine de rencontrer le directeur Michel Draguet. » La députée PS s’insurge également contre le fait qu’elle décide quel musée fermer. Selon elle, il faut faire confiance aux fonctionnaires, aux directeurs artistiques, aux responsables d’expertises. Karine Lalieux parle d’un « processus pour ne pas fonctionner avec la Ville de Bruxelles alors que j’avais un accord avec le fédéral ».
Le chef de file MR au Parlement bruxellois, Vincent de Wolf parle d’un « bras de fer stérile » entre le Ministre-Président bruxellois PS, Rudi Vervoort et, la Secrétaire d’Etat NVA, Elke Sleurs. Pour Karine Lalieux, il n’en est rien : « Nous avions obtenu du gouvernement précédent, dans lequel on trouvait le MR, l’Open VLD et le CD&V, un accord pour qu’il y ait un musée d’art moderne et contemporain temporaire dans un bâtiment de la Ville de Bruxelles. » La Ville est en train de le rénover et elle attendait du fédéral qu’il participe aux dépenses. L’échevine bruxelloise va plus loin : « ce qu’on demande, c’est d’avoir de l’ambition sur Bruxelles : ils n’en ont aucune. » Il s’agit donc pour elle, d’un choix politique concernant le développement de Bruxelles et pas d’un débat stérile.
Comités de concertation : la solution ?
Les ambitions discordent à l’heure où un manque de concertation se fait ressentir. Depuis plus de six mois, il n’y a eu aucun comité de concertation entre entités fédérées et fédérales. Une réunion devait se tenir ce mercredi 10 décembre, mais les funérailles de la Reine Fabiola ont postposé celle-ci.
Selon Karine Lalieux, ces comités sont très importants. Elle souhaite que le MR, seul parti francophone au gouvernement fédéral, mette un « Stop à la démolition de Bruxelles par la NVA ». Les comités de concertation permettront, selon elle, d’ « exiger de la loyauté de la part du fédéral : j’en attends de la part du fédéral et aujourd’hui, il n’y en a aucune. »
Cible : Michel Draguet
Supprimer purement et simplement le musée « Fin de siècle » ne semble par ailleurs pas si simple. Notamment aux yeux de Robert Gillion, collectionneur de tableaux. Une convention le lie au musée puisqu’il a, via une dation, fait don de ses œuvres à l’institution. Ainsi, ce sont neuf “Magritte” qui se sont retrouvés au musée de « Fin de siècle ». Le propriétaire des tableaux a confié à la rédaction du journal Le Soir que ce que désire Elke Sleurs constitue une attaque envers le Directeur du musée, Michel Draguet.
Karine Lalieux explique que « la NVA a un contentieux avec le directeur Draguet. Il a de l’ambition pour la culture à Bruxelles, et il a surtout l’ambition d’y développer des musées fédéraux. Je pense que ça dérange la NVA.» De plus, elle ajoute que la NVA a toujours contesté qu’il y ait encore des institutions culturelles fédérales. Pour ce groupe politique, la culture est régionalisée et il n’est pas question que le fédéral paye encore pour la culture.
