Olivier Historia présente son New Deal
30
Avr
2015

Recrutement journalistique : un bon stage vaut mieux qu’un joli CV

Recrutement journalistique : un bon stage vaut mieux qu’un joli CV

30 Avr
2015

Quel avenir nous attend à la sortie des écoles de journalisme ?

Si les écoles de journalisme font le plein, la place des étudiants sur le marché du travail n’est pas assurée pour autant. Le journalisme est un métier de plus en plus instable et difficile d’accès. Ces questions étaient au cœur du colloque IHECS-EJL « journalistes : emploi et marché du travail » de ce mercredi 29 avril. Parmi les sujets abordés, la question du recrutement a particulièrement retenu notre attention de journalistes en herbe.

Dans quelques mois, les étudiants que nous sommes découvrirons en effet le marché de l’emploi. Nous sommes inquiets face à ce futur encore flou et confus. La crainte de se retrouver sans travail à la fin de nos études est réelle. L’accès à la stabilité de l’emploi est-il vraiment de plus en plus incertain ?

La flexibilité de l’emploi et les nouvelles formations

Une bonne formation dans une école de journalisme est sûrement un plus. Les formations en journalisme ont fortement évolué, notamment sur le plan pratique. Elles sont de plus en plus poussées et spécialisées. Nous avons constaté que nous étions sans doute mieux formés à la technique que nos prédécesseurs. Mais cela suffira-t-il pour nous ouvrir les portes des rédactions ?

Aujourd’hui, l’essentiel est avant tout de rester informé des évolutions tant journalistiques que techniques pour répondre aux nouvelles fonctions qu’imposent les rédacteurs à leurs journalistes. Le monde de la presse est en mutation, cela est un fait. D’après Olivier Ditroia, manager éditorial chez Mediafin, les journalistes se tournent davantage vers des formations en codage HTML, mise en page ou vidéo. Un plus à ne pas négliger pour leur carrière.

Olivier Ditroia souligne également la volonté d’entreprendre chez les jeunes journalistes. Beaucoup d’entre eux ont commencé par la case entrepreneur. « Ils démarrent de leur propre activité et allient formation, vidéo et journalisme de terrain ».

Des journalistes de mérite et des faux indépendants ?

On constate par ailleurs, l’apparition de nouvelles stratégies éditoriales ou de nouvelles structures d’aide pour les journalistes.

Le groupe Mediafin, qui possède les quotidiens belges « De Tijd » et « L’Echo », a lancé, il y a deux ans, son New Deal, un nouveau modèle économique, afin d’assurer sa pérennité. Ce New Deal belge tend à utiliser le budget du groupe différemment afin de répondre à la conjoncture actuelle : les barèmes ont été abandonnés au profit de « hausses salariales raisonnables ». Les journalistes sont donc rémunérés au mérite et non plus à l’ancienneté. Cette mesure, assez libérale, a été acceptée par les journalistes de la rédaction. Elle a cependant de quoi poser question : comment juger ce mérite synonyme d’apport financier ? Le chef de rédaction deviendrait-il un maître absolu qui distribuerait les salaires comme un professeur distribue les bons points ?

Olivier Ditroia du groupe Mediafin explique les effets du fameux New Deal :

En 1998, on a vu se créer la société mutuelle pour artistes, la SMart. Cette société agit comme une réelle agence d’intérim pour artistes, mais aussi pour journalistes. En s’inscrivant auprès de la SMart, les journalistes indépendants ou en devenir, peuvent obtenir des piges dans certains médias, être conseillés et accompagnés par des membres de la société lors de leurs premiers pas dans la profession.

Cette agence a une particularité : 60 % de ses membres-journalistes sont des femmes. De plus, plus de la moitié d’entre eux n’ont qu’un seul client. Fait étonnant puisqu’on peut supposer qu’un journaliste qui souhaite être indépendant le fait pour travailler simultanément pour plusieurs médias.

Une démarche proactive

On l’a compris en assistant au colloque : le journalisme n’est pas une profession comme les autres. Le recrutement ne se fait donc pas comme ailleurs. Comme le dit Olivier Standaert de l’École de Journalisme de Louvain : « C’est rarement via les procédures classiques de lettre de motivation et  de CV que cela fonctionne. On est dans une prise de contact avec le marché qui est beaucoup plus informelle ».

Une démarche proactive qui en pousse même certains à racheter leur journal au bord de la faillite. C’est notamment le cas des journalistes de Nice-Matin qui ont sauvé leur titre en 2014, comme l’explique Damien Allemand dans l’IHECS-café du Bruxelles Bondy blog.

L’étudiant ou le primo-arrivant qui saura se démarquer des autres sera bien souvent l’élu. La loterie peut s’avérer injuste pour certains : « C’est souvent une évaluation qui se fait sur le terrain, lors des stages. […] On est quand même dans une appréciation résolument subjective », explique Olivier Standaert. En fin de compte, nos meilleures armes pour entrer dans la profession seront notre réseau, notre culot, notre talent, mais aussi notre intégration dans les rédactions et notre capacité de changement.

Olivier Standaert reste optimiste quant à l’avenir des étudiants en journalisme. Le secteur est, il est vrai, bouché, mais quand on veut on peut. Le tout est d’y mettre enthousiasme et passion.

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