Trois jours seulement après la libération de Loup Bureau en Turquie, le journaliste belge Quentin Noirfalisse a été arrêté à l’aéroport de Kinshasa-N’Djili ce mardi 19 septembre. “Nous sommes au courant de son arrestation avant-hier soir et notre ambassade (en République démocratique du Congo) suit la situation”, a expliqué un porte-parole du SPF Affaires étrangères à l’agence Belga. Plus tard dans la journée, un haut responsable de l’Agence nationale du renseignement (ANR) a annoncé à l’AFP qu’il serait à la “direction générale de migration (DGM). Ils vont se débarrasser de lui ce soir (jeudi 21 septembre, ndlr)“. Le motif de son arrestation serait lié à “des activités incompatibles avec son statut d’étranger”, selon le responsable de l’ANR. Il aurait finalement quitté le territoire de la RDC jeudi 21 septembre, en soirée.
Le Ministre des poubelles
Après avoir voyagé au Sud Kivu pour y travailler dans un journal local, Quentin Noirfalisse se passionne pour le Congo et y retourne plusieurs fois. Il apprendra même le Lingala et se lance en 2014 dans la réalisation du documentaire “Le Ministre des Poubelles” sur Botalatala, un artiste congolais aux œuvres subversives.
Après avoir été présenté sur les écrans belges, Quentin Noirfalisse a tenu à ce que le film soit présenté au Congo. C’est pour cela qu’il s’y était rendu dernièrement, comme le laisse entendre un post publié le 14 septembre sur son profil Facebook.
Un étudiant “réservé mais d’une grande intelligence”
Ancien étudiant à l’IHECS, Quentin Noirfalisse a été diplômé de la section Presse et Information en 2009. Marc Sinnaeve en était alors le directeur. Il se rappelle de lui comme d’un étudiant « réservé, plutôt introverti mais d’une grande intelligence ». Et ajoute : « À l’époque, il était assez innovant et dans des logiques alternatives. Il tentait de penser différemment les voies de l’information. » Ce penchant pour les visions alternatives et innovantes l’a amené à se pencher sur les travaux de Bernard Stiegler et son projet « Ars Industrialis » : « Avec l’open source, Quentin Noirfalisse a travaillé à une forme d’appropriation de la propriété privée du cœur de la révolution numérique”. En quelques mots, il voulait collectiviser la révolution numérique dont les ficelles sont majoritairement monopolisées par des compagnies telles que Google, Microsoft…
Son travail de fin d’études « Auroville » a été tourné en Inde avec ses amis Maximilien Charlier, Antoine Sanchez et Adrien Kaempf. Ensemble, ils ont ensuite créé le collectif « Dancing Dog Production » qui réalise des projets à portée éthique, sociale, éducative et informative. Il a ensuite travaillé en tant que journaliste indépendant pour Le Vif/L’Express, Moustique, Imagine, M Belgique, Notre Afrik ou encore Médor.