Au Maroc, on trouve des jeunes qui souffrent, d’autres qui rêvent, et certains qui agissent pour garantir leur indépendance et le développement de leur société.
Le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) déclare que le taux de l’intention entrepreneuriale chez les jeunes augmente. Il est situé à un taux médian de 30,7 %, pour l’ensemble de la population active marocaine. D’après le même rapport : « La création d’entreprises est désormais considérée par les jeunes comme une carrière professionnelle envisageable, soit par conviction et vocation, soit par défaut ».
L’entreprenariat social se distingue de l’entreprenariat classique par la volonté de placer la performance économique et le profit au service d’une problématique sociale et de l’intérêt général. Le but à atteindre n’est donc plus l’accroissement d’un capital économique, mais la réalisation d’objectifs utiles à la société.
Ces dernières années, le Maroc s’ouvre à ce genre d’initiatives. D’une tradition culturelle favorisant le groupe, le clan, la collectivité, on passe petit à petit à un système qui met en valeur et accepte l’individu et l’innovation. Aujourd’hui, plus de vingt-trois ONG contribuent énergiquement à l’accompagnement des jeunes porteurs des projets à forte valeur sociale. Parmi elles, Enactus, qui annonce que plus 5500 jeunes étudiants participent aux programmes d’incubation pour l’entrepreneuriat social, et que 195 000 jeunes sont bénéficiaires d’un financement de leur projet. La mission est la même pour Moroccan Cise, qui encourage le changement social par l’entrepreneuriat.
Pourtant, des contraintes d’ordre réglementaire et culturel gênent les efforts fournis.
“Il n’y a pas de lois qui régissent l’entreprenariat social au Maroc”
Actuellement, l’entrepreneur social ne jouit pas d’une reconnaissance légale au Maroc. Othmane Benhlima, fondateur d’Ecoheat, le déplore : “Il n’y a pas de lois qui régissent l’entreprendrait social au Maroc. Il n’y a pas de définition claire de la profession et le statut d’entrepreneur social n’existe pas“. Le lancement de l’entreprise débute sous la forme d’une société anonyme ou d’une société à responsabilité limitée. Un statut spécifique, avec une politique fiscale avantageuse, aiderait à développer ce secteur. Un tel statut existe dans plusieurs pays d’Europe, notamment en Belgique, avec les entreprises à finalité sociale.
Trois jeunes entrepreneurs sociaux interrogés confirment que la culture fait également partie des obstacles : l’attitude décourageante de l’entourage peut être pesante. Beaucoup de parents sont frileux face à l’ambition entrepreneuriale de leurs enfants, dans un contexte où le chômage est en hausse. Difficile de leur faire comprendre que l’entreprenariat social est justement une alternative à l’emploi classique, à l’origine de chiffres satisfaisants, qui fait petit à petit sa place dans l’économie marocaine.
Rekia Boussarhane et Lou Janssens