Rabat, centre du pouvoir du plus ancien royaume arabe toujours en place, perpétue une tradition millénaire de commanderie des croyants dans le monde musulman, en la personne du Roi. Mais la commanderie n’est pas le propre de l’islam, et dans le monde catholique, le Pape assure une mission similaire. Cette visite a d’autant plus d’importance dans un contexte de scandales.
La rencontre de ces deux figures dans la capitale marocaine constitue un événement à haute valeur symbolique et demande une préparation hors normes. C’est ce que nous avons remarqué lors de notre reportage sur le terrain.
Pour accueillir le Souverain Pontife, Rabat a vu en un temps record ses routes s’élargir par endroits et ses trottoirs revêtir une nouvelle tenue. Les murailles de la ville ont quant à elles recouvré leur grandeur d’antan, et l’herbe des espaces publics à coté desquels passera la Papa Mobile a « repoussé » du jour au lendemain… Sans parler des bâtiments qui ont été repeints d’un seul coup de pinceau.
Outre ces détails logistiques, l’église catholique au Maroc se prépare elle aussi à répondre à la ferveur des fidèles venus des quatre coins du monde. Corps ecclésiastique et théologiens sont enthousiastes et prônent un dialogue inter-religieux.
C’est ainsi que nous avons été accueillis pour notre reportage par le Père Daniel, dans son antre, la Cathédrale de Rabat où le Pape célèbrera une messe réservée aux membres des églises du Maroc. Il nous a confié que cette visite constitue une fierté et un encouragement pour sa petite communauté : “Nous sommes une petite barque d’église sur un océan musulman ».
De son côté, Rachid Saadi, professeur associé à l’Institut Al Mowafaqa de théologie, prépare ses étudiants à rencontrer le Pape. Il estime qu’on ne peut penser l’islam sans penser le christianisme et vice versa. Leur interdépendance crée une responsabilité commune : « J’espère que la visite du Pape va être une occasion pour peut-être passer de la logique de la tolérance – dans laquelle on est toujours – vers une logique de la reconnaissance ».
Wael Maâninou et Dimitri Korczak