Paul Dahan, c’est toute une histoire ! Né à Fès en 1947 d’une mère marocaine et d’un père juif, ce psychanalyste est aujourd’hui conservateur du Musée d’art juif marocain de Bruxelles. Grand passionné d’art, c’est dans sa cave, son endroit secret à lui, que nous le retrouvons.
“L’identité est complexe, on la construit en fonction de l’environnement dans lequel on grandit”
Véritable citoyen du monde, Paul Dahan est le symbole même de la diversité, tant au niveau de ses origines que de sa façon de penser. Premier exemple, son prénom, qu’il tient directement de son père puisqu’il était directeur de la maison Paul Ricard au Maroc. Anodin peut-être. Et pourtant, cette petite histoire synthétise tout son parcours. Lui qui se dit Juif arabe, ayant toujours été entouré d’amis musulmans. Grand voyageur, Paul Dahan a fait de nombreuses rencontres, et c’est grâce à elles qu’il s’est enrichi, qu’il s’est construit : “Moi j’ai besoin d’être dans la diversité, me retrouver avec quelqu’un qui est comme moi, ça n’a pas grand intérêt“.
Une recherche de l’autre, et une recherche de soi, c’est ce qui a motivé Paul Dahan a explorer l’art juif marocain sous toutes ses formes, des manuscrits aux objets religieux, jusqu’aux bijoux et même aux vêtements. Il détient aujourd’hui l’une des plus grandes collections de manuscrits juifs marocains, un véritable trésor qu’il expose régulièrement avec soin à Bruxelles.
“Pour un étranger de s’intégrer c’est beaucoup plus difficile”
Bruxelles, ville cosmopolite et multiculturelle. C’est la métropole dans laquelle Paul Dahan se sent enfin à l’aise, à tel point qu’il y dépose définitivement ses valises. Pourtant, le contexte actuel est différent, Bruxelles divise et se déchire. “Pour un étranger de s’intégrer c’est beaucoup plus difficile, il y a ceux qui restent enfermés” estime-t-il. L’idée que se faisait Paul Dahan de la capitale belge il y a quelques années paraît déjà écornée. Il l’admet, les choses ont changé ; la scission se dessine de plus en plus entre les gens. Mais l’homme n’a de cesse de prôner la rencontre avec l’autre, le partage. Il invite à refuser toute forme de stigmatisation : “Moi-même, je ne généralise jamais et c’est ce que j’inculque à mes enfants : ne jamais dire “les Juifs”, “les musulmans”, etc. C’est une façon de stigmatiser un problème“.
Au fil d’une promenade dans le musée d’art juif marocain, Paul Dahan nous livre ses réflexions sur l’identité, un concept qu’il conjugue forcément au pluriel.
Regards croisés sur les identités belges et marocaines
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