Chaque semaine, le Bruxelles Bondy Blog offre la possibilité à ses lecteurs de poser une question concernant l’Union européenne. Aujourd’hui, Patrick s’y colle.
En mai 2015, un scandale éclaboussait la Fédération internationale de football (FIFA). Sept cadres de l’association du football mondial étaient arrêtés à Zurich à la demande de la justice américaine. Les faits reprochés : blanchiment d’argent, escroquerie par voie électronique et corruption. Et l’Union européenne (UE) là-dedans, que fait-elle, doit-elle intervenir, en a-t-elle les compétences, peut-elle siffler la fin de la partie ?
Le sport a pris une place essentielle dans notre société actuelle, mais il a fallu être patient avant que l’UE n’octroie une base juridique au sport. Lors de la signature du traité de Lisbonne (2009), le sport a quitté ‘’le banc de touche’’ et est officiellement devenu une compétence au sein de l’Union européenne. Mais en pratique, son champ d’action est limité. Les États ne délèguent qu’une petite partie de leurs compétences en matière de sport à l’UE. En 2009, certaines mesures en matière de sport ont été prises et mises en place (selon l’article 165) :
- Financer directement des projets sportifs ;
- Donner des recommandations aux fédérations nationales ;
- Lutter contre le dopage ;
- Protéger les jeunes et promouvoir la formation des sportifs.
Et ce n’est que depuis 2014 qu’un commissaire européen (Tibor Navracsics) est responsable en matière de sport. Il travaille actuellement sur un dossier concernant la FIFA, mais nous n’avons pas pu en savoir plus lorsque nous avons demandé à son porte-parole ce qu’il était exactement en train de mettre en place.
De leur côté, les députés européens ont envoyé un message politique fort dans une résolution du 11 juin 2015 dénonçant “la corruption systémique révélée au sein de la FIFA” et appelant la branche européenne de la FIFA (UEFA) à initier des réformes de l’intérieur.
Malgré une marge de manœuvre extrêmement restreinte, le Parlement européen souhaite faire entendre son désaccord, comme nous l’explique Emmanuel Foulon (PS), porte-parole de l’intergroupe sport au Parlement européen.
L’UE veut donc donner une impulsion à ses Etats membres et aux autres puissances mondiales face aux affaires qui salissent le sport. Pour ce faire, elle compte utiliser des moyens d’influence et de pression politique.
Ainsi, l’Europe a un rôle à jouer dans l’élection du futur président de la FIFA qui aura lieu dans peu de temps. Si un candidat présente un programme avec des engagements allant dans le sens de ce que veut la Commission européenne, il en recevra le soutien non négligeable.
La FIFA, une institution intouchable ?
Basée à Zurich, et répondant aux lois du territoire suisse, la FIFA a (trop) longtemps joui d’une grande indépendance. En tant qu’association à but non lucratif, elle bénéficie d’une fiscalité légère (4% d’impôts) et d’une exemption des règlementations anti-corruption. C’est une des raisons pour laquelle elle n’avait jamais été inquiétée par qui que ce soit… avant mai dernier.
En effet, dans les scandales qui ont agité la FIFA, c’est la justice américaine qui a attaqué la première. Elle a profité d’une affaire de versements en échange de droits marketing et médiatiques de compétitions organisées en Amérique du Sud et aux États-Unis pour faire arrêter neuf membres de la FIFA. Elle dénonce des affaires de corruptions étalées sur deux générations durant lesquelles les accusés se seraient enrichis personnellement.