Dans le cadre d’un atelier de Master 1 encadré par le graphiste Marc Dausimont et les photographes Roger Job et Laurent Poma, je devais rencontrer une personne pensionnée et raconter son histoire. Je souhaitais m’intéresser à une figure ayant des difficultés financières, malgré un passé de travailleuse. Par l’intermédiaire de Jean-François Tamellini, secrétaire fédéral de la FGTB, j’ai eu la chance de faire la connaissance de Solange.
Solange m’a accueillie pour quelques jours dans sa vie et dans son deux-pièces situé prêt de la gare de Liège-Guillemins. Calfeutrée dans son salon, du thé et des biscuits sur la table, elle m’a parlé avec un soulagement presque palpable. Les rares silences se noyaient immédiatement dans le bruit des tractopelles du dehors. Je n’ai jamais entendu de tristesse ou de fatalisme mélancolique dans sa voix, seulement des éclats de rires et une très grande gentillesse.
Solange cache son Je
Solange a vécu une folle jeunesse d’auto-stoppeuse et de travailleuse acharnée. Elle commence sa carrière en usine, à l’âge de 14 ans. Solange descend ensuite dans le soleil du Midi, où elle restera 20 ans comme femme de chambre pour la même patronne. Elle revient enfin en Belgique pour s’occuper de sa mère malade, honorant ainsi une promesse faite à son père, et ce contre l’avis de ses frères.
Solange a aujourd’hui 75 ans. Elle occupe ses journées avec son rôle de secrétaire du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, en regardant la télévision, en prenant soin de son chat Cacahuète et occasionnellement de sa petite-fille.