Depuis plus d’un an, une quinzaine de membres de la Maison de Jeunes L’avenir d’Anneessens prépare une pièce de théâtre sur le thème des migrations. Ce projet est dirigé par Mohamed Allouchi, acteur, metteur en scène, mais aussi coordinateur de la Maison des Jeunes.
Une pièce jouée de Rabat à Bruxelles
Une première version de ce spectacle est d’abord née à Rabat, au Maroc. Les jeunes de la Maison L’avenir y rencontrent des Subsahariens de leur âge ayant migré jusqu’au Maroc. Ils leur ont confié leur parcours, leurs traumatismes, les épreuves qu’ils ont du traverser pour atteindre le pays nord-africain. Ensemble et accompagnés de jeunes marocains d’une MJ locale, ils ont écrit la première partie de la pièce sur base de ces témoignages.
Les jeunes Bruxellois ont prolongé cette expérience en Belgique en proposant la suite de la pièce jouée au Maroc. Ils y ont ajouté des scènes relatant la traversée de la Méditerranée, l’arrivée des immigrés en Belgique et la politique d’asile à laquelle ils sont confrontés. Tous les rôles qui ont été interprétés par les Marocains sont repris par des jeunes d’ici.
Un tandem avec un collectif de sans-papiers
En partenariat avec la Coordination des Sans-Papiers de Belgique et SOS Migrants, les jeunes de L’avenir d’Anneessens travaillent avec un collectif de sans-papiers de Bruxelles. Ensemble, ils ont fait avancer le projet à travers plusieurs ateliers. Une collaboration forte en émotion et qui n’a pas été toujours facile à mettre en place, comme l’expliquent le metteur en scène Mohamed Allouchi et la comédienne Chiraz dans le diaporama sonore ci-dessous.
« Jouer sur scène pour militer de manière positive »
Ce n’est pas la première fois que Mohamed Allouchi, le metteur en scène, prend part à une pièce de théatre comme celle-ci. A 23 ans, il militait déjà à travers des sketchs et du théâtre. « Quand j’étais jeune, j’étais un peu perdu et je souffrais beaucoup de mon origine étrangère. Je me faisais refuser dans toutes les discothèques, et dans mon quartier, je me faisais souvent contrôler. Donc j’ai commencé à militer pour mes propres droits. »
Chiraz, 20 ans, a pris part au projet initial à Rabat et a décidé de poursuivre l’aventure en Belgique. Le théâtre, elle connaît, car elle en fait depuis 6 ans. Chiraz s’intéresse beaucoup aux questions liées à l’immigration. Pour elle, « l’immigration nous touche tous de près ou de loin». Elle raconte : « une dame m’a dit qu’on est tous des boules blanches dans une assiette. Si on rajoute une boule noire, on doit enlever une boule blanche. En réalité la situation est beaucoup plus complexe que ça ! Ce n’est pas parce que quelqu’un arrive qu’il va voler la place de l’un ou le travail de l’autre. »
Yassine joue aux côtés de Chiraz dans la pièce. Ils interprètent le rôle d’un couple marocain qui envisage de partir pour l’Europe. Pour lui, le monde de l’art, de la musique, du théâtre ou encore de la peinture sont des moyens positifs pour les citoyens issus de l’immigration de se faire entendre et de diffuser un message.
La pièce « Nous sommes tous des immigrés » est à découvrir ce vendredi 2 Décembre à l’Espace Magh à Bruxelles. Plus d’infos.