11h58 heure locale, le sol se met à trembler en ce samedi 25 avril. Katmandou et sa vallée sont violemment secouées. Les médias se tournent alors vers le Népal, ce petit pays au pied des montagnes de l’Himalaya et de l’Everest. Tous montrent des photos de la catastrophe naturelle la plus meurtrière depuis 1934. La puissance du tremblement de terre est de magnitude 7,8, et le pire reste encore à craindre.
Il y a un an pourtant, j’ai passé un mois et demi dans ce pays pauvre à l’histoire si riche. J’ai eu l’occasion d’arpenter la capitale, et surtout de me rendre compte de la beauté architecturale des lieux sacrés, aujourd’hui réduits en poussière. Durbar Square, Patan, Bhaktapur, Pashupatinath. Ces mots que l’on voit aujourd’hui partout et qui sont désormais associés à tant de misères ! Revenons quelques temps en arrière, lorsque tout ça était encore sur pied.
Balade de sens à Katmandou
Jusqu’il y a encore quelques jours, vous auriez découvert un tout autre Népal que celui qui est montré dans les médias. Un Népal rempli de couleurs et de sourires.
Dans ce Népal d’avant la catastrophe, vous entendez des bruits de klaxons, partout, à vous casser les tympans. L’odeur ambiante ressemble à un mélange de poussières, d’épices, d’humidité et de chaleur. Dans les rues de Thamel, le quartier touristique, le chant bouddhiste d’« Om Mani Padme Hum » guide les foules. Happés par les vendeurs en tous genres, devant vous se mélangent les couleurs des pantalons sarouels, les copies de grandes marques d’alpinisme, les bijoux en argent, le tout dans une gigantesque cacophonie joyeuse. Vous vous perdez dans Thamel jusqu’à tomber sur Durbar Square.
Durbar Square, ce sont d’immenses temples en pierre rouge en plein cœur de la ville. Partout, les gens ont trouvé leur place, ils sont assis sur les temples et discutent entre eux. La religion au Népal se vit à temps plein et les lieux de cultes ne sont pas réservés à la prière.
Comme sorti d’un autre temps, ou plus simplement d’une autre culture, la plupart des hommes sont habillés dans leur costume traditionnel. Ils portent un petit chapeau, le topi, qui a une signification différente selon la caste à laquelle ils appartiennent. Les femmes, quant à elles, sont élégamment habillées de leur sari multicolore.
Après ces pérégrinations, vous migrerez sûrement vers Freak Street, lieu très connu pour son invasion de hippies à l’époque où les portes du pays leur étaient encore ouvertes.
La faim guettant, vous dégusterez des momos, petits raviolis de viande cuits à la vapeur. Le tout suivi d’un lassi pour le dessert, une sorte de milkshake à l’indienne.
Joyeuse cacophonie
Le Népal, avant la catastrophe, représentait pour moi tout ce qu’il y avait de plus désordonné et de plus joyeux en même temps. Un chahut constant, une population avenante et prête à tout pour vous aider. Parfois aussi très rusés, certains ont le don de repérer le touriste perdu pour essayer de lui soutirer un peu d’argent.
Le Népal, c’est un des pays les plus pauvres du monde, et pourtant je n’ai jamais vu autant de sourires sur les lèvres. Les gens ne demandent rien, viennent vous parler et vous racontent toujours avec plus de fierté les coutumes de ce pays qui est le leur. Comme cette dame que je connaissais à peine qui m’a emmenée sur son scooter pour aller visiter ensemble Bodhnath, haut lieu spirituel pour les Tibétains et les bouddhistes. Ou encore ce jeune qui m’a appelée un dimanche soir pour me conduire voir les crémations à Pashupatinath, temple sacré où les hindous incinèrent leurs morts. De petites attentions inattendues et qui font chaud au cœur.
La vie après la catastrophe
Aujourd’hui, toutes les images montrent un Népal détruit et dans une souffrance inouïe. Les habitants n’ont plus rien ou presque. Ils vivent dans des tentes de peur de retourner dans leur maison qui risquent à chaque instant de s’effondrer. Chaque jour, la terre tremble encore un peu.
Les aides humanitaires sont arrivées sur les lieux. D’autres attendent encore d’avoir de la place pour pouvoir atterrir. Tout se met petit à petit en place. L’équipe de MSF Belgique est arrivée à Kathmandou lundi en fin de journée. Les avions de l’armée belge, B-Fast, ont enfin pu se poser mardi après-midi. La Croix-Rouge rappelle, quant à elle, que « des pluies abondantes sont attendues dans les prochains jours et il est urgent de fournir des abris, de l’eau potable et de la nourriture. »
Touchant!