Les skis aux pieds, la piste recouverte de neige, la descente se profile. Lindsay Vonn, skieuse américaine, revient d’un an d’absence suite à une fracture. Mentalement, la préparation commence. Le tracé prend forme dans son esprit. Elle est partie pour la médaille. Arrivée en bas, il est l’heure pour elle d’enlever son casque. Autour d’elle, une salle tout à fait banale avec une particularité : elle est équipée de matériel de réalité virtuelle (VR). Un entraînement qui a porté ses fruits puisqu’il a permis à plusieurs skieurs et snowboarders américains, dont Lindsay Vonn, de gagner des médailles aux JO d’hiver.
Le monde du sport professionnel s’équipe petit à petit de dispositifs utilisant la réalité virtuelle. En simulant différentes situations, ces technologies permettent aux sportifs d’être prêts le jour de l’épreuve, quelles que soient les conditions météorologiques. D’autres sportifs professionnels utilisent cette technologie, comme par exemple des joueurs de la NFL.
Boxer contre Mayweather ? Bientôt possible
Le célèbre boxeur Mayweather compte bien utiliser cette technologie pour offrir à ses fans la possibilité de boxer à ses côtés. Cette année, il lancera un jeu permettant de s’entraîner et de bénéficier de tous ses conseils. Le jeu “Mayweather Boxing & Fitness Virtual Reality Program” devrait d’abord être accessible dans les clubs de boxe du sportif. Son ambition est de le rendre disponible pour des entraînements à domicile d’ici fin 2018.
Maité Czupper, médecin et professeure de boxe au MC Boxing nous a confié ses impressions sur la technologie. Selon elle, “la boxe, ce n’est pas que mettre le coup parfait. Il y a un côté plus émotionnel, voire thérapeutique qui ne peut pas passer par ce genre d’outil”. Elle explique qu’au-delà de la technique pour mettre le meilleur coup possible, et celle de l’esquive, il y a une dimension humaine, irremplaçable par la technologie. Elle admet toutefois que la VR pourrait mesurer la puissance, la vitesse, l’angle et l’impact qu’un coup aura. “C’est un outil qui peut nous aider. Un dispositif très ludique et qui permet de mesurer son avancée technique”.
Faire votre sport en VR, pour bientôt ?
La réalité virtuelle est seulement en train de faire son apparition dans le sport amateur. Plusieurs sociétés travaillent sur des projets basés sur des sports comme le vélo ou le rameur. D’autres cherchent à innover et proposent de nouveaux types activités. C’est le cas de BlackBox, un système d’entraînement en réalité virtuelle, récompensé lors des CES Innovation Awards cette année.
À Bruxelles, l’utilité de la réalité virtuelle ne fait pas encore l’unanimité. Guillaume Pere, manager dans un club de fitness bruxellois, est sceptique sur les apports de cette technologie : « Tous les appareillages de fitness qui comportent un aspect ludique ou une mise en situation qui aide à faire bouger les gens, je crois que c’est une bonne chose. Par contre, il y a un problème avec tout ce qui s’apparente aux cours virtuels donnés sur des écrans. Il n’y a pas de corrections des mouvements… ou alors elles sont très sommaires. »
“Je n’ai pas l’impression que la réalité virtuelle va envahir les salles de sport à Bruxelles.”
Pour le professionnel, la réalité virtuelle ne remplacera pas les coachs physiques dans les années à venir et son club n’a d’ailleurs pas encore investi dans cette nouvelle technologie : « Les sportifs sont suivis par des coachs. Nous ne proposons pas de cours virtuels. Cela permet un maximum d’efficacité et surtout d’assurer la sécurité des personnes lors des différents mouvements. » Selon le jeune manager, avoir quelqu’un qui positionne un bassin ou un pied correctement permet un travail nettement plus efficace. Il explique qu’avec la réalité virtuelle, les gens n’apprennent pas à sentir le « bon mouvement » par eux-mêmes et donc ne le reproduiront pratiquement jamais à la perfection, voire le réaliseront n’importe comment.
Pourtant, Guillaume n’est pas opposé à l’arrivée de la réalité virtuelle dans son travail : « Ces logiciels de coaching en réalité virtuelle sont des outils intéressants pour capter ce qui n’est pas visible à l’œil nu. » L’homme et la technologie peuvent être complémentaires. Selon lui, les salles belges ne sont pas prêtes à passer le pas de la VR : « En Belgique, il n’y a pas grand-chose mis à part quelques cours sur écrans. À Bruxelles, il y a essentiellement des basic-fit. Les autres salles de fitness restent très familiales. Je n’ai pas l’impression que la réalité virtuelle va envahir les salles de sport à Bruxelles. »
La transpiration ne fait pas bon ménage avec l’informatique
Si les salles de sport de notre pays ne semblent pas se diriger vers la VR, qu’en est-il des jeux de sport en réalité virtuelle ? Pour Masy Adjoua, manager d’un centre de jeux en VR, les expériences sportives ne sont pas les plus populaires. L’activité physique demandée par ces jeux ne dure jamais très longtemps. Si les centres ont du matériel de qualité, ce n’est pas toujours le cas des particuliers : ces casques bas de gamme, assez répandus, provoquent ce qu’on appelle la « motion sickness ». « C’est un peu comme le mal des transports : les symptômes sont des nausées et des maux de têtes”, détaille Masy Adjoua.”Ça arrive quand vous avez du matériel de mauvaise qualité qui ne retranscrit pas vos mouvements en temps réel. » Pour l’éviter, il faut investir. Acheter de meilleurs dispositifs, par exemple : « C’est du matériel assez coûteux et la transpiration ne fait pas bon ménage avec l’informatique ».
Si la VR commence depuis peu à toucher le grand public, elle a encore un long chemin à faire avant d’être accessible à tous. Une fois ces différents problèmes réglés, peut-être enfilerons-nous tous d’ici quelques années nos casques pour aller faire du sport.