Le 1er avril 2015 marque la fin des quotas laitiers en Europe. Instaurés en 1984, ils avaient été critiqués, puis défendus par les agriculteurs qui, aujourd’hui, sont dans l’incertitude. Ils craignent de voir les prix chuter à nouveau, comme ce fut le cas en 2009. Ils redoutent aussi que la suppression entraîne leur disparition pure et simple. C’est pourquoi ils étaient entre 150 et 200 mardi matin, rassemblés devant le Parlement Européen.
Selon eux, aucun instrument adéquat n’a été mis en place pour remplacer les quotas. “Sans instruments permettant de prévenir des crises du marché laitier – tel que le Programme de responsabilisation face au marché (PRM) élaboré par l’EMB – les producteurs sombreront donc dans les vagues de lait excédentaire, pendant que les multinationales de l’agroalimentaire prendront les commandes”, lit-on dans un communiqué de l’European Milk Board (EMB).
A l’origine des quotas, l’excès de lait
Avril 1984, l’Europe croule sous les excédents de lait et met en place les premiers quotas. Chaque producteur doit stabiliser le rendement annuel de son troupeau et devra payer des pénalités s’il dépasse ses quotas. Une aberration pour les fermiers qui ont toujours été encouragés à produire plus. La politique agricole commune (PAC) voulait, jusque là, l’autosuffisance alimentaire du continent. Mais cette politique du « toujours plus » mènera aux excès des années 1980 et au besoin de réguler les productions.
Suppression définitive des quotas
Ces quotas ont bien remis de l’ordre dans le secteur, mais ils n’ont pas tout réglé. En 2009, la crise du lait est à son paroxysme et le prix atteint son plancher. Ces évènements ont engendré des manifestations et un dégoût du côté des agriculteurs. Six ans plus tard, les quotas sont abandonnés définitivement dans le but de favoriser l’exportation des produits laitiers. La conséquence de cet abandon est la libéralisation des prix du lait. Dorénavant, la production pourra s’adapter à de facteurs extérieurs tels que des évènements climatiques, une hausse de la demande, des alertes sanitaires, etc. Par exemple, si la production de lait est abondante, les producteurs pourront écouler leurs stocks sans se soucier des pénalités financières imposées par l’Europe.
Une course à l’industrialisation ?
Seulement, la suppression de ces quotas ouvre la porte à la concurrence. Pour les fermiers, cette nouvelle mesure pourrait même marquer la fin des petits producteurs. C’était, avant tout, une garantie de prix équitables et équilibrés et donc une concurrence encadrée. Sans ces quotas, chacun pourra établir les prix qu’il désire et produire autant qu’il veut. Une course à l’industrialisation de la production laitière semble être lancée et beaucoup de fermiers savent qu’ils n’y survivront pas.