Suite à la guerre civile, plus de trois millions de personnes ont officiellement fui la Syrie. Regroupés dans des camps de réfugiés en Égypte, au Liban, en Irak, en Jordanie, en Turquie ou en Afrique du Nord, ces civils sont extrêmement dépendants de l’aide humanitaire internationale. Or le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) vient d’annoncer l’arrêt de son aide alimentaire à plus de 1.7 million de ces réfugiés, faute de moyens financiers. Il manque en effet un peu plus de 51 millions d’euros pour permettre la poursuite du programme en décembre. Les appels aux dons sont lancés.
Le monde associatif tire la sonnette d’alarme
Thierry de Lannoy, de l’ASBL Agir pour la paix, explique que l’aide financière promise par différents gouvernements n’est finalement jamais arrivée. De plus, le nombre de réfugiés a considérablement augmenté ces quelques mois. Le PAM s’est donc trouvé face à une double difficulté : non seulement le budget initial n’a pas été récolté, mais encore ce budget étant déjà insuffisant, l’accroissement rapide du nombre de réfugiés n’a fait qu’aggraver l’écart entre les besoins et les moyens disponibles.
Rien n’est encore perdu
Selon Benoît Melebeck, attaché de presse d’Unicef, il est important de distinguer trois catégories de réfugiés : ceux qui possèdent une petite réserve financière, capables de se débrouiller pour survivre ; ceux que les communautés locales ont accueillis et pris en charge,surtout en Jordanie et au Liban ; ceux, enfin, qui n’ont plus rien et pour qui la situation risque de devenir dramatique.
Benoît Melebeck considère cependant que « rien n’est encore perdu, car les familles qui n’ont plus rien seront prises en charge par des ONG, ou par l’Unicef pour la nutrition des jeunes enfants. » L’ancienne directrice du PAM, Christine van Nieuwenhuyse, précise qu’en principe, le PAM est la seule agence en charge de l’assistance alimentaire des réfugiés. Selon elle, il ne serait pas efficace de financer une autre organisation pour pallier à la pénurie momentanée du PAM. Elle insiste : « Il faut encourager les Européens et autres pays donateurs à relancer leur contribution. » Le PAM a également appelé les citoyens à verser chacun un euro, pour atteindre le budget manquant en 72 heures. Une mesure peu efficace, selon l’attaché de presse d’Unicef.
D’après lui, si le PAM reçoit l’argent manquant dans les prochains jours, ils pourront continuer le programme. Dans le cas contraire, la situation deviendra réellement problématique : « on est dans une période d’hiver. Les enfants reçoivent déjà très peu de calories et il n’y a pas de chauffage. Les populations les plus vulnérables et les enfants les plus faibles sont à risque de décès. »
Peut-on parler de famine ?
Non, répond Benoît Melebeck, car une famine implique de toucher un certain pourcentage de la population. Dans le cas présent, il y a de la nourriture en suffisance, explique l’attaché de presse. Le problème, c’est que tous les réfugiés n’ont pas tous les moyens de se la procurer. La communauté musulmane est très hospitalière et accorde son aide aux réfugiés. Mais face à la réduction de l’aide internationale, leur capacité de soutien risque d’atteindre ses limites. Benoît Melebeck craint que cette situation ne crée à terme des tensions. Selon nos interviewés, la seule solution à court terme est que les états répondent rapidement à l’appel au don.