200 millions, c’est le nombre de personnes que pourrait nourrir l’ensemble d’aliments actuellement gaspillés en Europe, d’après l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Deux types de gaspillage sont généralement compris dans ces chiffres : le gaspillage primaire, soit les pertes dues aux consommateurs, et le gaspillage secondaire, qui correspond aux pertes se produisant à un des stades de la production alimentaire ou de sa distribution.
Tous les mercredis, l’ASBL Communa repense la table d’hôtes. Il n’est pas question d’une nouvelle forme, mais bien d’un nouveau contenu, ou plus précisément d’un contenu récupéré. En effet, la nourriture présentée aux invités hebdomadaires est en majorité issue de la récupération que les membres de l’ASBL effectuent chaque semaine. Plusieurs grandes surfaces participent ainsi au projet, grâce aux accords qu’elles ont avec la communauté.
« Moi j’aime bien dire : c’est la réserve qui fait recette » (Séréna, en cuisine).
L’objectif premier de Communa est l’occupation de bâtiments bruxellois vides. Depuis 2012, ses membres, qu’ils soient étudiants belges, artistes ou encore sans-papiers, ont habité tour à tour un immeuble de bureaux, une maison à Uccle, pour enfin s’installer avenue Franklin Roosevelt durant l’été 2016. Passant de cinq à quinze, les habitants vivent et se partagent les tâches au sein de la communauté. La table d’hôtes du mercredi est l’une d’entre elles ; la récupération en est une autre. Découvrez l’ambiance de la préparation et du repas grâce au reportage vidéo ci-dessous.
Epicerie Libre
La petite étiquette jaune fluo visible sur les paquets de viande et autres marchandises réfrigérées a une signification pour les membres de la communauté : il s’agit de la nourriture qu’ils peuvent prendre pour leurs frigos, sans passer par la case caisse.
Ces produits, que la Communa récupère deux fois par semaine au Delhaize Molière et auprès des Bio-Planet de Halle et Dilbeek, ont trois utilisations. Une première partie constitue les repas des quinze habitants de l’avenue Roosevelt ; une seconde est cuisinée toutes les semaines pour les tables d’hôtes. La nourriture qu’il reste est soit revendue à prix libre les mercredis, soit distribuée à d’autres squats bruxellois. La volonté derrière chacune de ces alternatives est claire : un aliment périmé n’est pas un aliment à jeter.
La main à la pâte
Les repas de la table d’hôtes sont préparés chaque semaine par les membres de la Communa. Certains se sont vu attribuer la tâche, d’autres se portent volontaires pour aider en cuisine. Dans l’ensemble, les plats sont composés à partir d’aliments récupérés pendant la semaine ou disponibles dans la réserve. Tout le monde n’a pas de formation en cuisine, mais cela ne pose pas de problème. Le principe de la table d’hôtes, c’est avant tout d’éviter le gaspillage en proposant des plats frais à prix réduit. Chacun à leur tour, les occupants participent aux préparations et chaque semaine voit donc une équipe différente en cuisine. Les mets de la table d’hôtes en ressortent transformés et parfois surprenants.
« Il n’y a jamais de restes… Moi, je n’ai jamais vu de restes » (participant au projet Communa)
Au final, ce que l’ASBL se propose de faire, c’est de réinterpréter les dates de péremption : un aliment arrivé à sa date limite d’utilisation optimale n’est pas un aliment nécessairement dangereux. « Les déchets d’un homme font le trésor d’un autre » dirait l’artiste et activiste Benjamin Gaulon, et ça, Communa l’a bien compris.