Plus que quelques jours avant l’arrivée de Saint-Nicolas. Les enfants ont déjà fait leur commande et les parents sont à l’affût du cadeau qui va leur faire le plus plaisir. Quand on se balade dans les rayons des grands magasins, on peut observer que certains jouets, dans leur version “rose”, coûtent plus cher que la version aux couleurs jugées plus “masculines”. L’effet de la taxe rose ? Nous nous sommes posé la question suite aux dénonciations de cette pratique par le collectif « Georgette Sand », il y a bientôt un an.
La taxe rose, c’est quoi ?
Ce n’est pas une taxe officielle en soi. C’est une manière de désigner la différence de prix qui peut exister entre un article destiné aux femmes et le même article, pour hommes. Taxe en défaveur des femmes dans la plupart des cas.
La taxe rose tire son nom de l’emballage “girly” souvent utilisé pour les produits à destination des femmes. Cette taxe est dite « invisible » puisqu’elle n’est que de quelques centimes dans le meilleur des cas.
Les jouets, également victimes ?
Afin de voir si cette pratique se retrouve également dans le monde du jouet, nous nous sommes rendus dans quatre grandes chaînes de magasins à Bruxelles et plus particulièrement dans le rayon destiné aux jeunes enfants.
Le rose plus cher dans deux magasins sur quatre
Premièrement, nous avons pu constater que, sur les quatre magasins que nous avons comparés, la moitié pratique cette taxe rose. Précisions que les prix affichés en rayon sont choisis par le magasin lui-même, et non imposés par les marques. Ladite taxe n’est bien évidemment pas appliquée sur tous les articles du rayon. D’ailleurs, tous les articles ne comportent pas forcément une version “rose” et une “bleue”.
Ensuite, quand le prix varie entre les deux versions d’un même jouet, la différence va de 1 à 2 euros dans la majorité des cas, mais peut atteindre jusqu’à 4,76 euros (voir diaporama ci-dessus).
Enfin, lorsque deux jouets sont affichés à des prix différents, on remarque qu’il n’y a pratiquement aucune différence entre ceux-ci. Hormis quelques cas où un prince devient une princesse, il s’agit souvent de la reproduction exacte de la version bleue, sans caractéristique supplémentaire pouvant justifier le prix plus élevé de la version rose.
A nouveau, comme pour les produits pour adultes, la taxe rose s’opère au détriment du genre féminin.
Différentes hypothèses ?
Les causes de cette différence de prix sont-elles marketing ou sont-elles simplement une conséquence de l’offre et de la demande ?
Selon Claude Boffa, professeur de vente et marketing à la faculté Solvay, cette pratique répond à la réalité de l’offre et de la demande et n’est donc pas une intention purement stratégique. Les produits roses se vendent plus, ils sont donc plus chers.
Quant à Jean-Claude Jouret, professeur de publicité à l’IHECS, ce phénomène pose la question de la discrimination par le prix. Il estime qu’il y a deux raisons qui peuvent expliquer cette différence. Premièrement, cette taxe rose vise particulièrement les mamans, qui, inconsciemment, se tourneraient plus vite vers les articles roses quand il est question d’acheter un jouet pour leur fille. Une seconde hypothèse est qu’il existe une stratégie de marketing qui vise à faire vendre le produit bleu en l’affichant bien moins cher que le produit rose. Le client a donc l’impression de faire une affaire.
La taxe rose telle qu’elle s’applique sur les jouets relève donc de la stratégie commerciale propre à chaque magasin. À présent, ouvrez l’œil ! Il est possible de faire des économies en privilégiant des jouets neutres ou bleus pour les petites filles. De plus, ne serait-ce pas un bon moyen pour lutter contre les stéréotypes ?