Ce mardi, l’artiste belge Jan Bucquoy a réalisé une vente publique des planches originales ainsi que des toiles des ébats du reporter. L’oeuvre est là pour choquer ; mais l’artiste ne se limite pas à de la provocation pure.
Un message politique
Fils de communiste et de résistant de la 2è guerre mondiale, Jan Bucquoy considère Hergé comme un “criminel de guerre”, en raison de son passé collaborationniste.
Hergé a en effet participé au Soir volé durant la collaboration. Le dessinateur a aussi travaillé pendant de longues années avec Léon Degrelle, le père du rexisme.
En choisissant Tintin, Bucquoy considère faire de l’anti-spectacle : il dit s’attaquer à “un symbole intouchable du pouvoir en Belgique, au même rang que celui de la famille royale.” Il crée donc “un espace de liberté” autour de ces symboles, en rappelant que “la liberté d’expression est un luxe.”
Bucquoy illustre la sexualité de Tintin de la manière la plus crue possible. Mais son but n’est pas de dédramatiser la sexualité. Pour lui, la sexualité n’a d’ailleurs rien de vulgaire : “Ce qui est vulgaire, c’est la collaboration avec les nazis, c’est la guerre, ce sont les inégalités sociales… pas la sexualité.”
Zoophilie et Daesh
Au coeur de cette collection, une oeuvre récurrente : Tintin en plein acte zoophile avec Milou, déclinée autour de différentes communautés (Tibets, Soviets, Congo et… Daesh.)
Débutée dans les années 90, la collection du « Tintin zoophile » compte un petit nouveau : la « Toile or Noir », aussi poliment intitulée « Bruxelles encule Daesh ». Cette dernière a été conçue au début de la vague d’attentats en Europe en 2015. Une fois encore, l’artiste utilise le vulgaire pour combattre la religion. “C’est une réponse au religieux, une manière de dire “Bruxelles vous encule !”. La liberté d’expression, c’est un bien très précieux, qui est en train d’être grignoté.”
Un public venu nombreux
A 16h, les oeuvres de Jan Bucquoy ont finalement été mises en ventes. L’artiste craignait que personne ne veuille de ses oeuvres dans son salon. Il s’est trompé. La salle de vente aux enchères était pleine à craquer. A titre d’exemple, les planches originales se sont vendues à 1000 euros/pièce en moyenne. Les gains serviront à financer le prochain film de l’artiste : Liège/Bastogne/Liège.
Mais Jan Bucquoy n’est pas en reste : après s’être attaqué à Tintin, il compte traiter des présidentielles françaises à sa manière. De novembre jusqu’en mai, il se lance dans une exposition itinérante, caricaturant les différents candidats, avec un slip sur la tête.