Un peu partout dans le monde, Uber dérange. Le réseau de covoiturage venu des Etats-Unis s’est retrouvé en quelques semaines au cœur de multiples procédures judiciaires en Europe, outre-Atlantique et en Asie. Les motifs de ces procédures sont souvent les mêmes: la concurrence déloyale et le non-respect des cadres légaux autour de l’activité des taxis.
Les associations de taximen en ligne de front, Pascal Smet partagé à Bruxelles
Il est vrai que dans l’Ubergate, les premiers lésés sont les taximen. Ceux-ci souffrent de la popularité du réseau ainsi que de son coût avantageux pour les usagers. Uber brade les prix des courses tout en proposant un service qui attire de nombreux utilisateurs. Face à la menace que représente la société de covoiturage pour leur profession, les taximen passent à l’attaque. A coups de plaintes et de slogans chocs, les taxis cherchent à faire passer Uber pour une société hors-la-loi et sans scrupule.
Plusieurs procédures judiciaires ont été lancées à l’encontre d’Uber, et des décisions tombent : Uber est illégal dans plusieurs pays. A l’esprit de beaucoup de monde, illégal veut dire que c’est mal. Ce n’est pas toujours vrai. Illégal se dit de tout ce qui sort du cadre légal, parfois parce que ce cadre légal est en retard sur son temps. En matière de mobilité et notamment en ce qui concerne les taxis, les législations datent d’avant l’existence du smartphone, voire même d’avant l’existence du GSM. Il est donc évident que les cadres légaux ne peuvent prévoir la technologie utilisée par Uber. Au lieu d’interdire Uber, il serait peut-être plus judicieux de réviser les lois pour les remettre au goût du jour.
Le ministre bruxellois de la Mobilité semblait ouvert aux discussions. Il s’est pourtant joint à la plainte au civil déposée par les taxis verts. Il va même plus loin puisqu’il a déposé plainte au pénal pour pour activités illégales. “Pascal Smet n’est pas contre les nouvelles technologies, et il n’est pas contre Uber”, explique Marc Debont, porte-parole du ministre. “Il dit d’ailleurs dans son communiqué de presse : Uber est la bienvenue, mais aux conditions bruxelloises. Ça veut dire qu’il y a une ouverture pour les nouvelles technologies et pour le ride-sharing (le partage de voiture), mais cela doit se faire dans un cadre qui est équivalent pour tout le monde parce que sinon, il s’agit de concurrence déloyale.” Pascal Smet compte également demander à la Computer Crime Unit de fermer le site et à Google et Apple de supprimer UberPop de Google Play et de l’App Store.” Si Uber est la bienvenue, l’accueil laisse à désirer.
“ Il faut arrêter de bloquer tout ce qui est innovant sous prétexte que ça viole la loi”
Pour le cabinet de juristes TIC (Technologies de l’information et de la communication), Uber représente l’avenir des déplacements et une belle opportunité à saisir. “Il faut arrêter de bloquer tout ce qui est innovant sous prétexte que la loi est violée. Il est évident qu’elle ne prend pas encore en compte ces nouvelles technologies. Il ne faut pas descendre Uber à tout prix, l’attaquer comme ça est loin d’être la meilleure solution.”
Au-delà de ses ambitions purement commerciales, Uber présente de réelles intentions d’améliorer la mobilité dans les villes. La firme part d’un constat, beaucoup de personnes possèdent des voitures qu’elles utilisent peu. Ces voitures prennent de la place et engendrent des coûts évitables. UberPOP permet de mettre sa voiture à disposition d’autres personnes. A terme, le réseau pourrait permettre de réduire le nombre de voitures en circulation dans les centres-villes, et aider à les décongestionner. Uber cherche aussi à amener une forme de concurrence dans un secteur où les taxis ont le monopole et fixent des prix élevés. Ils ont l’ambition d’améliorer la mobilité au sein des villes tout en réduisant les coûts de déplacements pour les usagers en cette période difficile financièrement.