« Tout nous sépare. » Le titre du film se veut volontairement trompeur. Après “Les Yeux de sa mère” et “Le Héros de la famille”, le réalisateur et scénariste Thierry Klifa fait un pas de côté en plongeant ses personnages dans un nouveau monde, celui de la violence, de la peur et des malfrats.
La jeune bourgeoise et le dealer
Dans “Tout nous sépare”, deux univers se rencontrent : celui de la bourgeoisie et celui des dealers. Julia, interprétée par une Diane Kruger renversante dans son rôle de femme dépressive et passive, a subi “un putain d’accident”. Les traces de brûlure sur ses jambes en attestent. Pour tenter de soulager sa douleur, elle fréquente Rodolph, un dealer, incarné par Nicolas Duvauchelle. Il lui procure sa drogue, devenue quotidienne. Elle éprouve pour lui de vrais sentiments ; lui ne l’utilise que pour l’argent et le sexe. Elle a la richesse mais est seule. Elle a besoin de lui. Lui est bien entouré, mais n’a rien en poche. Un jour, lors d’une dispute, Julia tue Rodolph d’un coup à la tête.
La lady et le maître chanteur
Prise de panique suite au meurtre de Rodolph, Julia se tourne vers sa mère, Louise, interprétée par Catherine Deneuve. Forte comme un roc, elle prend les choses en main et camoufle le meurtre. Mais les événements ne s’arrêtent pas là. Ben, un ami de Rodolph, joué par Nekfeu, a des soupçons. Lui aussi trempe dans des milieux louches. Endetté jusqu’au cou, il décide de faire chanter mère et fille.
Au lieu d’opposer méchant et gentil, le réalisateur nous déstabilise en faisant se rencontrer deux personnages qui, habituellement, ne se croisent jamais dans les scénarii. Il les transforme en duo indispensable au récit.
Deneuve, Kruger, Duvauchelle, Nekfeu : la réunion d’un casting de talent
Catherine Deneuve est celle qui guide le film. Elle aussi marque son grand retour auprès de Thierry Klifa. Son interprétation est époustouflante. On retrouve la classe et la grâce de l’actrice. Elle arrive à faire ressentir la peur, tout en dégageant une très grande force. Louise est le véritable pilier de l’histoire, prête à tout pour protéger sa fille. Elle ne laisse pas le doute s’installer trop confortablement et reprend le dessus. Tout dans sa posture laisse croire qu’elle maîtrise la situation. Et pourtant, sa détresse est visible dans ses yeux, ce qui la rend d’autant plus forte.
« Tout nous sépare » marque aussi l’arrivée de Nekfeu dans le monde du cinéma. Le jeune homme que l’on connait d’habitude pour ses morceaux de rap prouve qu’il a plus d’une corde à son arc. Il arrive à nous faire éprouver une réelle compassion. Derrière le côté violent et mauvais garçon du personnage, il existe un homme sensible et bien intentionné. Cela se ressent d’autant plus dans la relation qui se crée entre Ben et Louise : le bourreau et la victime deviennent amis. Louise laisse s’échapper la peur pour devenir une figure maternelle pour Ben, allant jusqu’à se protéger l’un l’autre.
La combinaison de ses acteurs crée un film bouleversant, où la tension palpable ne fait qu’augmenter pour arriver à son apogée avec un dénouement surprenant. “Tout nous sépare” confirme que toute personne a deux visages.
Diffusion au FIFF le 30 septembre à 20h30 et dans les salles le 8 novembre 2017.