La ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block, annonçait le 27 novembre dernier que le burn out sera bientôt considéré comme une maladie professionnelle. La fin d’un combat de longue date mené par les personnes atteintes de cette pathologie pour la faire reconnaître comme telle. Elles se réjouissent de cette nouvelle car, si au niveau des indemnités perçues par les malades rien ne changera, des avancées pourront être réalisées dans le domaine de la prévention. Mais l’enjeu de la reconnaissance du burn out comme maladie professionnelle va encore plus loin.
Si le burn out n’est pas une maladie professionnelle…
Jusqu’à présent, le burn out n’était donc pas encore considéré comme étant directement lié au travail. D’où l’inquiétude des personnes atteintes de burn out face à la publication, ce lundi 28 novembre, d’un arrêté royal concernant, de manière générale, la réintégration des personnes en incapacité de travail. Cet arrêté doit entrer en vigueur dès le 1er décembre 2016. Il stipule que dès 4 mois d’incapacité de travail, le médecin conseil devra rencontrer le médecin du travail ainsi que le médecin traitant pour statuer sur le cas du malade. Après concertation, deux cas de figure sont possibles. Soit ils devront proposer à l’employé, temporairement, un travail adapté en attendant d’exercer à nouveau sa fonction habituelle. Soit, ils l’orienteront vers un poste plus adapté si le travailleur est jugé définitivement inapte à exercer sa fonction. Le médecin conseil est le premier à intervenir et c’est le médecin du travail qui s’organise avec l’employeur.
Toutefois, comme expliqué dans l’arrêté, ces mesures de réintégration après 4 mois d’invalidité ne sont pas applicables en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle. Elles concernent donc uniquement les maladies ou accidents survenus hors du lieu de travail et n’ayant aucun lien avec la fonction exercée. Et le burn out est à ce stade considéré comme faisant partie des maladies survenues hors du lieu de travail…
De telles mesures entrent en vigueur car les incapacités de longue durée coûtent cher à l’état et sont parfois injustifiés. Il y a donc un désir de renforcer le contrôle de manière à lutter contre l’absentéisme dans le monde du travail. Mais ces propositions ne satisfont donc pas du tout les personnes atteintes de burn out puisqu’elles sont dans l’incapacité de poursuivre tout travail tant qu’elles ne sont pas guéries. Une obligation de reprendre le travail pour ces patients pourrait s’avérer lourde de conséquences, puisque des cas de suicides liés au burn out ont pu être observés ces dernières années.
Une reconnaissance lourde de sens
Véronique Huberty, médecin du travail, explique que pour l’heure, le burn out serait donc impacté par les mesures contraignantes de l’arrêté du 28 novembre puisqu’il n’est toujours pas officiellement reconnu comme maladie professionnelle. Le médecin du travail pourrait donc obliger un travailleur à reprendre le travail avec une fonction différente même s’il souffre de burn out. C’est la raison pour laquelle les personnes atteintes espèrent vivement que cette maladie soit reconnue au plus vite comme étant liée au travail.
Selon le Docteur Huberty, cette reconnaissance représenterait une belle avancée. Pour elle, cela renforcerait l’obligation (actée depuis 2015) de l’employeur à agir au niveau des actions de préventions concernant les personnes atteintes par l’épuisement professionnel. Des améliorations sont donc à prévoir au niveau du suivi médical de ces patients, qui seront mieux pris en charge sur leur lieu de travail.