La première édition du tournoi de l’European Open d’Anvers vient de prendre fin, avec la consécration du français Richard Gasquet. Un tournoi composé de 44 joueurs, de ramasseurs de balles (entre 20 et 60 en fonction du jour de la semaine) et de 36 arbitres (29 juges de lignes et 7 arbitres de chaise). L’un d’eux n’est autre qu’un jeune diplômé de l’IHECS, ayant tout juste obtenu son Master de journalisme. Entretien avec Guillaume Woelfle, juge de ligne.
En tant que jeune journaliste, comment en es-tu arrivé à devenir arbitre ?
Je jouais au tennis en étant plus jeune et je me suis rendu compte que je ne gagnais pas vraiment (Rire). J’avais pourtant envie de rester dans le monde du tennis et de continuer à participer à des tournois, etc. Je suis donc passé de l’autre côté de l’organisation.
J’avais 12-13 ans et j’ai commencé à arbirtrer des matchs de jeunes, pour rendre service au départ. Ensuite, cela m’a plu et j’ai continué. Je suis alors monté en grade… jusqu’à aujourd’hui.
N’es-tu pas un peu jeune pour devenir arbitre ?
On commence évidemment avec de très jeunes joueurs. Des garçons ou des filles de 9-10 ans… Bref, des matchs où l’on sait qu’il ne peut pas se passer énormément de choses. À cet âge, ils sont même contents d’avoir un arbitre, il est donc rare de voir nos décisions contestées. On a besoin de ces matchs de jeunes en tant qu’arbitre, afin de prendre confiance en soi et d’apprendre comment « voir » la balle. Il existe des techniques pour cela, qui peuvent se résumer ainsi : poser le regard au bon endroit au bon moment.
Tu étais arbitre de ligne à l’European Open, mais es-tu arbitre de chaise sur d’autres tournois ?
Oui, mais de niveau inférieur, comme le circuit Futures, qui permet à un joueur belge, qui est entre la 5e et la 40e place au niveau national, de participer à ce type de tournoi afin de se lancer et de prendre ses premiers points ATP.
En Belgique, avons-nous des arbitres de niveau international ?
Oui, il y a d’autres juges de ligne belge qui vont faire les grands chelems. J’ai un collègue qui a été aux Jeux Olympiques cet été, ce qui est quand même assez exceptionnel. Personnellement, je ne suis pas à ce niveau.
Que dois-tu faire pour devenir arbitre de chaise sur un tournoi ATP ?
C’est assez difficile. Il y a vraiment très peu de places. Par exemple, à Roland-Garros, environ 280 juges de ligne français sont sélectionnés contre une petite cinquantaine d’étrangers. Donc même un arbitre par pays, ce n’est déjà pas assuré. Or, nous avons déjà deux, voire trois belges qui y vont chaque année.
C’est partout pareil. Il est donc nécessaire de bien travailler sur les tournois en Belgique. Il existe aussi des grades internationaux (blanc, bronze, argent et or) et il faut au minimum avoir le grade « bronze » pour être arbitre de chaise sur un tournoi ATP250. Pour l’instant, je suis au niveau « blanc ».
Comment es-tu évalué ?
Lors d’un match, l’arbitre de chaise reçoit un papier sur lequel est noté le nom de tous les juges de ligne. Il inscrit alors des remarques ou des conseils sur ce papier. Mais il y a aussi des points, qui permettent de donner une note finale à chaque juge de ligne à la fin du tournoi. Ces dernières sont ensuite remises à la Fédération internationale de tennis. Cela dit, être bien coté ne garantit pas d’être sélectionné pour un tournoi majeur, alors qu’une mauvaise note pourrait parfois empêcher une sélection sur un tournoi par la suite. Le nombre de tournois arbitrés, ainsi que la réputation, sont des critères beaucoup plus importants.
Quelles sont tes ambitions ? Arbitre de chaise ou arbitre de ligne ?
Dans l’esprit des gens, l’arbitre de chaise est le supérieur de l’arbitre de ligne et son métier est beaucoup plus intéressant. Ce n’est pas vrai pour tout le monde. Personnellement, je m’amuse à faire les deux. Si je ne faisais que l’un ou l’autre, cela ne m’intéresserait pas. Toutefois, je ne veux pas faire carrière dans l’arbitrage car j’ai une formation de journaliste. Pour un emploi à plein-temps, il faut être disponible 30 semaines/an et c’est assez mal payé. C’est très difficile d’en vivre… Il faut vraiment être très bon.
Quelles sont pour toi les compétences requises pour être un bon arbitre ?
La base, c’est d’avoir de bons yeux. C’est quand même notre fond de commerce. L’ouïe est également importante. Nous devons aussi accepter d’être soumis à un code de conduite comme ne pas trop côtoyer les joueurs : nous pouvons seulement leur dire « bonjour ». Un « comment ça va ? » est par contre à éviter.
Le plus important est sans doute la remise en question permanente : il ne faut jamais penser qu’on y est arrivé et que tout est parfait parce que c’est à ce moment-là qu’on fait une erreur. On se motive régulièrement en se répétant que « la balle la plus importante, c’est la prochaine ». Cela permet de toujours se reconcentrer. Mais tout cela s’apprend. On ne naît pas « bon arbitre », on s’améliore grâce aux conseils des autres et en faisant des erreurs, mais ce n’est pas inné.
Quelles sont les prochaines échéances pour toi ?
En Novembre, je vais faire une ou deux journées en France. Sinon, la saison arrive à son terme, donc je n’ai plus énormément de choses de prévues d’ici le printemps prochain. Pour l’anecdote, j’ai passé 120 jours à arbitrer cette année. Évidemment il s’agit de périodes très condensées, mais cela représente quand même un jour sur trois à arbitrer en 2016 !