La fin du blocus approche et l’envie de voyages et de fêtes se fait sentir. Depuis quelques années, de plus en plus de tour-opérateurs, comme Skikot ou Snowblend, proposent aux étudiants une formule incluant transport, logement, skipass et, éventuellement, la location du matériel, la possibilité de recevoir des paniers‑repas et des cours collectifs avec l’École de Ski Française (ESF). Mais il ne s’agit pas que de ski.
A moi la neige, le soleil… et l’alcool !
Fini de descendre des pistes à longueur de journée avec papa-maman. Maintenant, ce sont aussi les bières qu’on descend. Des habitudes estudiantines que Skikot ou Snowblend ont bien comprises, au point d’axer leur communication sur cet aspect.
Aux yeux des étudiants interrogés, les voyages de Skikot ou de Snowblend sont clairement associés à la consommation d’alcool :
La communication axée sur les soirées ne séduit pas forcément tout le monde au sein de notre micro-trottoir. La glisse reste la première raison des départs. Mais la fête est tout de même devenue un argument de vente.
On peut dès lors se demander si ce genre de promotion est autorisé par le Comité d’éthique publicitaire. Jean-Claude Jouret, président de la section publicité à l’IHECS et membre du jury de l’éthique publicitaire, indique que cette communication échappe aux contrôles des instances déontologiques.
« Est-ce que tu viens pour les vacances ? »
Si les tracts et publicités en interne échappent à tout contrôle, seule l’autorégulation pourrait éviter un marketing ciblé sur la fête. Mais difficile de résister à la recette du succès qui semble si simple : cadeaux, DJ, soirées à thème, boissons et animations à gogo. Le tout pour « un voyage inoubliable ».
La formule a tout pour convaincre. A en croire le site web de Skikot, “l’an dernier, pas moins de 9500 étudiants se sont rendus avec Skikot aux sports d’hiver durant [les 15 jours post examens]. Vous serez encore plus nombreux cette année et nous visons les 10.000 vacanciers. Nos guides, nos après-ski, nos soirées, nos tournées des bars, seront encore plus nombreux cette année“.
L’engouement est réel, pour profiter de la glisse, mais également pour travailler en station. Plus de 120 animateurs et responsables de stations sont également recrutés par ces agences.
Kristel Imbo, 19 ans, est étudiante en éducation physique à Charles Buls à Bruxelles, et se rendra pour la première fois en station avec Skikot, en tant qu’animatrice. Kristel se réjouit de se joindre à l’organisation pour cette aventure, et précise que, comme elle, de nombreux jeunes se rendent aux sports d’hiver avant tout pour profiter du ski.
Du côté des tour-opérateurs, on accepte de répondre à nos questions, avant de se rétracter. Plusieurs sources proches de Skikot défendront tout de même l’organisation en affirmant que la promotion des voyages n’est pas focalisée sur l’alcool, mais principalement sur les fêtes et sur le succès de différents Dj’s populaires. La musique et l’ambiance seraient donc les maîtres mots de leurs campagnes. Ces sources avouent que l’alcool est souvent associé aux voyages, mais que cela reste une décision des clients et des cercles estudiantins (co-organisateurs). L’entreprise ne pousserait jamais à la consommation. Ce dont on peut douter au vu de certaines vidéos promotionnelles.
Skikot, Snowblend : deux marques, une seule entreprise
« Skikot est de retour avec de nouvelles animations. Autant dire que ce sera la semaine de ta vie ! La fête commence déjà à partir de 229 euros”
Bien que voulant être innovant, Skikot n’est pas le seul à proposer ce genre de vacances, Snowblend offre lui aussi des propositions de sports d’hiver à prix réduits aux cercles d’étudiants (bien qu’il propose des formules familiales également). C’est l’un des plus gros concurrents dans le marché du ski festif, la deuxième plus grande organisation en Belgique, après Skikot.
« Après votre journée de ski, Snowblend vous propose chaque jour un aprés-ski, avec de nombreux extras offerts.»
Sur leurs sites web respectifs, rien ne rapproche ces deux marques. Pourtant, à y regarder de plus près, les deux tour-opérateurs « concurrents » renvoient vers une même adresse, la maison mère Sundio Group B.V. International GmbH, située en Suisse. Une agence qui a du flair pour repérer des produits qui peuvent séduire les jeunes, tout en nouant des partenariats lucratifs avec des cercles qui relient l’essentiel du marketing basé sur la consommation d’alcool et qui contribuent largement à l’organisation des soirées.