“La Petite École”, charmant nom pour un projet humanitaire, non ? Basée pour le moment dans le Garcia Lorca, centre socio-culturel du quartier des Foulons à Bruxelles, « La Petite École » offre un lieu d’accueil et d’apprentissage pour les enfants migrants de 6 à 12 ans qui n’ont jamais été scolarisés.
Par ce projet, Marie Pierrard et Juliette Pirlet souhaitaient perpétuer l’« école éphémère », créée dans le Parc de La Rosée à Anderlecht durant l’été 2015. En février 2016, l’école a finalement ouvert ses portes. Jusqu’à aujourd’hui, elle a fonctionné uniquement grâce à des dons privés et des bénévoles.
Une adaptation difficile pour les enfants
Cette école ne vise pas l’accumulation de connaissances mais à préparer les enfants à intégrer le système scolaire belge. « Plutôt que de viser des apprentissages comme parler, lire, écrire, calculer; nous les amenons à écouter, délier leurs mains, regarder et manipuler », explique Juliette Pirlet.
Les activités de la Petite École s’articulent autour de quatre axes :
- Activités d’apprentissage : français, mathématique.
- Activités psycho-sociales : ateliers d’expression artistique
- Activités récréatives : natation, sorties culturelles et jardinage
- Service de médiation et orientation scolaire
Lors de la première année, du lundi au jeudi, les enfants suivaient chaque matin un apprentissage du français. Leurs après-midis étaient plutôt consacrés à des ateliers créatifs. Cette année, le rythme a été modifié. Il n’est pas facile d’enseigner à des enfants qui n’ont jamais été scolarisés. Chaque jour, les enseignants sont confrontés à de nombreuses difficultés, on ressent notamment une dualité entre leur envie d’apprendre et une capacité d’attention limitée. Mais les enseignants sont patients et accompagnent chaque enfant du groupe. « Notre travail est un travail d’apprivoisement, de revalorisation de chacun en tant qu’individu à part entière, d’apaisement, d’écoute de soi et des autres », précise Marie Pierrard.
Un lieu de transition
Outre le travail de réflexion pédagogique, il y a aussi un travail de médiation entre les parents et les futures écoles qui accueilleront les enfants. « La Petite École » s’est, en effet, engagée à aider ses élèves à s’inscrire dans une école au bout d’une année passée chez elle. Les organisatrices expliquent que leur école est un lieu de transition. « La Petite École » se définit comme un SAS (service d’accrochage scolaire). « On essaye de préparer les enfants à l’école. Dans le primaire, si les enfants ne vont pas à l’école, ils sont juste considérés comme absents mais ne sont pas intégrés dans une structure. On pourrait éventuellement devenir un SAS primaire », explique Juliette Pirlet. Pourtant, leur situation est ambivalente. « La Petite École » est subventionnée, mais elle n’est pas reconnue officiellement comme une ASBL.
« Le moment de l’inscription scolaire belge est donc le moment où tout se joue », déclare Juliette Pirlet. L’année dernière, à la mi-juin, tous les enfants de « La Petite École » ont été inscrits dans une institution scolaire.
S’ils accueillaient les enfants au Garcia Lorca gratuitement, le problème de disponibilité des lieux rendait difficile l’organisation de leurs activités. La Petite École a finalement recueilli suffisamment de fonds pour louer un espace. L’école déménagera en novembre sur le boulevard du Midi, dans le centre de Bruxelles. Cela permettra aussi aux organisatrices de mettre en place leur nouveau projet. Afin de faire un suivi des enfants fraîchement entrés à l’école, Juliette Pirlet et Marie Pierrard vont ouvrir une école des devoirs. « On aimerait beaucoup revoir les enfants qui sont passés par chez nous ! ».
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