Au Venezuela, le conflit entre le Président élu Nicolas Maduro et le Président autoproclamé Juan Guaido divise toujours, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Depuis presque deux semaines, l’aide humanitaire américaine est bloquée aux frontières du pays par l’armée fidèle au Président Maduro. Le BBB s’est penché sur cette crise vénézuélienne par le biais d’entretiens avec des Vénézuéliens, exilés ou au pays et un spécialiste de l’Amérique latine.
“Pour un gouvernement juste, on doit faire des élections avec l’aide internationale ou peut-être avec un système complètement nouveau“
Eugenia Olavarría est une étudiante vénézuélienne de 19 ans et vit en Belgique depuis deux ans en tant que réfugiée politique. Lors de notre entretien à la faculté de science politique de la VUB, Eugenia nous parle de la crise qui frappe son pays depuis 2014.
“Je suis convaincu que c’est la fin. C’est un système qui a 20 ans…“
Jorge Olavarría n’est autre que le père d’Eugenia. Professeur de communication sociale et de sociologie politique à l’Université catholique Andres Bello, il vit toujours à Caracas et est membre de l’opposition au régime de Nicolas Maduro. Pour lui, la fin du chavisme a sonné, à l’heure où les États-Unis frappent à la porte. L’interventionnisme américain est accueilli prudemment par l’universitaire de Caracas.
Si de plus en plus de Vénézuéliens apportent leur soutien au Président autoproclamé Juan Guaido, l’armée et une partie de la population restent toujours fidèles au Président élu Maduro. Sur le plan international, le Vénézuela se retrouve au milieu de l’échiquier diplomatique mondial. Les États-Unis, mais aussi nombre de pays latino-américains, Israël, le Canada et l’Union européenne reconnaissent Juan Guaido comme Président par intérim. Par contre, Cuba, la Chine, la Russie, la Bolivie, la Corée du Nord, l’Iran et la Turquie soutiennent le successeur d’Hugo Chavez.
“Guaido n’est pas le personnage essentiel dans ce dossier. Il répond à un scénario qui a été tracé en dehors du Venezuela.“
Pour Jorge Magasich, ancien professeur d’histoire à l’IHECS et spécialiste de l’Amérique latine, le destin du Vénézuela dépend peu des acteurs locaux.
Dernièrement, le président américain Donald Trump a menacé les militaires pro-Maduro de tout perdre s’ils ne se ralliaient pas à l’opposant Juan Guaido. Menace à laquelle l’armée a répondu en réaffirmant son soutien au régime. De son côté, la Russie de Poutine a annoncé l’envoi d’un convoi humanitaire, bien mieux accueilli par les autorités que l’aide humanitaire américaine toujours bloquée à la frontière colombienne. Une situation complexe dans laquelle il est difficile de démêler le vrai du faux. La souffrance du peuple vénézuélien est, elle, bien réelle. Depuis 2014, la crise au Vénézuela a fait une centaine de morts et 2,3 millions de déplacés vers les pays voisins en quête d’une vie meilleure.
Ugo Santkin avec l’aide d’Anna Vidal et de Jérôme Jordens
