Chaque semaine, aux quatres coins de la Belgique, des faits divers éclatent dans le domaine du football, mêlant violence envers les arbitres, entre supporters ou même entre parents. Il n’est d’ailleurs pas rare pour les supporters adverses d’être interdits de stade si les autorités locales décident que le match comporte un risque élevé d’incidents.
Ces mesures sont pour le moins justifiées car la sécurité humaine est parfois en jeu. Même si la violence a presque disparu du football professionnel, notamment grâce aux infrastructures modernes des stades, elle se retrouve ailleurs, dans le football amateur, où la sphère médiatique est beaucoup moins présente.
Comme l’explique Jean-Michel De Waele, Doyen de la Faculté des sciences sociales et politique à l’ULB, ce déplacement de la violence fait que le citoyen lambda a l’impression que la violence sportive n’est plus qu’un fait divers rare et égaré dans une province lointaine.
Récemment encore, le dimanche 12 octobre, la violence dans le football amateur a encore prouvé ses déboires. Le cas de Robin, qui s’est fait agresser par 3 personnes lors d’une altercation sur le terrain de Marbaix qui affrontait Chatelet, dans la province du Hainaut, en démontre. Ce jeune homme de 24 ans nous confiait qu’avant d’être lui-même victime de violence, il avait déjà été témoin d’autres agressions que ce soit sur l’arbitre, sur les joueurs ou même sur les supporters adverses qui n’hésitent pas à ajouter leur grain de sel. “ Les agressions sont récurrentes dans le football amateur et cela me dégoûte de plus en plus de ma passion pour le foot. C’est pas comme si on courait après des millions” résumait-il.
A la question de savoir si l’Union Belge de football était au courant de pareils faits dans le football amateur, sa réponse est sans équivoque: “Je pense que l’Union est au courant de bon nombre de faits similaires mais que leurs sanctions ne se font pas assez entendre ou alors sont trop gentilles par rapport à la gravité des faits. Des sanctions exemplaires doivent être prises et il faut arrêter de fermer les yeux.»
Football, médium malgré lui
Par ailleurs, ces dernières années, on remarque que le football dépasse de loin les limites du sport. Des organismes, aux buts plus ou moins avoués, se cachent derrière le loisir du ballon rond pour faire passer des idées politiques ou religieuses qui dépassent complétement le domaine sportif.
En effet, le football devient instrumentalisé, il devient un prétexte et un révélateur des difficultés plus profondes de notre société pour finalement oublier qu’au commencement le football était un sport où 11 personnes en affrontaient 11 autres pour mettre un ballon dans le but adverse.
Aujourd’hui, le football est une loupe grossissante des déboires de notre société. Là où il peut mettre l’accent sur un nationalisme exacerbé lors du match Serbie-Albanie ou sur des rivalités bien connues en France, il est aussi le témoin d’une fracture sociale en Belgique.
Le football se fait donc médium malgré lui. Il permet une liberté d’expression physique non protégée. Les supporters voient dans le football une autre dimension, qui dépasse le simple jeu.
A l’heure d’écrire ces lignes, il ne faut pas croire que tout est noir dans le football. Il suffit d’observer les supporters belges et bosniens après la rencontre qui opposait leurs deux équipes nationales au mois d’octobre dernier. Habitués à applaudir l’hymne national de l’adversaire, les supporters belges ont cette fois, avec l’aide de la police anti-émeute, demandé à échanger leurs écharpes et maillots avec les supporters bosniens. Un très beau geste, à saluer, qu’on aimerait voir plus souvent.
Toutefois, ces démarches ne sont que trop rares et force est de constater que la violence présente dans le sport, et plus particulièrement dans le football, est un fléau. L’utilisation d’un sport, d’une passion telle que le football, comme moyen de communication ou comme médium pour arriver à ses fins l’est tout autant.