Quelles sont les pistes pour faire face à la violence faite aux femmes au niveau local ? A Bruxelles, plusieurs acteurs ont mis en avant cette question, ce mercredi 14 octobre, dans le cadre de la conférence sur l’égalité des genres organisée à l’Hôtel de ville de Bruxelles. Panorama de quelques pistes testées dans la capitale.
Coordonner les différents services
« Il faut travailler tous ensemble ! » explique Bea Diallo, échevin pour l’égalité des chances à Ixelles et membre du conseil régional de Bruxelles. Des formations pour la police, des événements de sensibilisation à la violence faite aux femmes, une bande dessinée sur le sexisme… Autant de projets du CIVIO (Concertation ixelloise de lutte contre les violences) pour prévenir les violences et aider les victimes. Police, CPAS et associations se coordonnent grâce à cette plateforme.
« Plutôt que de créer de nouvelles structures indépendantes, qui feraient le même travail que les associations, nous avons décidé de les faire travailler en coopération. Cela permet de dépenser moins et d’être plus efficace, c’est pour ça que nous avons créé CIVIO. »
Sensibiliser
Parmi les solutions envisagées, la sensibilisation des jeunes s’avère essentielle. Les études de la FRA (Fundamental rights agency) montrent en effet que 36% des femmes belges ont subi des violences physiques ou sexuelles. Parmi celles-ci, les plus jeunes femmes interrogées étaient âgées de 15 ans.
Les écoles secondaires, directement concernées, ne mènent pourtant pas encore assez d’actions de sensibilisation. Sur une dizaine d’établissements contactés, aucun n’en a organisé, malgré l’existence d’organismes comme le Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE) qui propose des interventions à la demande dans les écoles et en milieu d’insertion.
Toutefois, citons l’école Charles Janssens, à Ixelles, qui dit suivre ses élèves au cas par cas et détecter les éventuels problèmes. « Quand on a des cas de violence envers des adolescentes, on en discute avec elles, puis on contacte une association concernée. Cette méthode permet de ne pas aggraver la situation en appelant directement à la maison » raconte un éducateur.
Former les médecins
Moins d’une de ces femmes sur cinq contacte la police suite à une agression, la plupart se rend plutôt à l’hôpital. Selon Sabine Springer, de la FRA : « Moins de la moitié des femmes appelle un service d’aide, une institution. Beaucoup se tournent vers leur médecin. Une étude complémentaire montre que 87 % d’entre elles seraient prête à se confier à lui. » Dès lors, une formation adéquate de ces médecins pourrait mener à une meilleure compréhension du problème et à une prise en charge des victimes. Celles-ci pourraient notamment être incitées à porter plainte.
Un budget « genré »
Autre solution envisagée : adapter la ville aux femmes. A Vienne, des urbanistes ont déjà remarqué qu’une ville peut s’adapter aux besoins des femmes : des murs plus bas, plus d’éclairage public, des couleurs plus claires pour améliorer la luminosité de l’espace public et créer un sentiment de sécurité. « Genrer » un budget c’est l’adapter, distribuer les dépenses en fonction des besoins spécifiques des hommes et des femmes. La commune d’Ixelles est la première à avoir adopté un budget sensible au genre.
Les associations et centres d’accueil
Enfin, pour accueillir, écouter et protéger les femmes, les associations restent un espace d’accueil quotidien des victimes. Le home Victor du Pré, dans la Ville de Bruxelles, accueille 29 femmes, les héberge et tente d’établir avec elles un projet de vie. « Nous essayons de leur trouver un logement, de les aider à se reconstruire au plus vite », explique Christine Brulemans, directrice de la maison d’accueil. « L’idéal serait d’avoir des appartements pour elles, parce qu’elles ne peuvent pas se domicilier chez nous et risquent souvent de perdre leurs droits sociaux. »
D’autres associations misent davantage sur la prévention en organisant des stages d’auto-défense. Ces stages sont souvent gratuits. De quoi redonner confiance aux femmes. Et les demandes sont nombreuses, comme nous l’indique l’association Garance.
Dans la continuité de ces initiatives, le 25 novembre, des conférences, des actions, des campagnes de sensibilisation auront lieu dans la capitale à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences envers les femmes. Les associations arboreront le ruban blanc et tenteront de porter leur cause à l’attention d’un plus grand public.