L’inquiétude grandit face à l’expansion du virus Zika. « Le niveau d’alerte est extrêmement élevé », a déclaré la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé au Monde.fr. Ce virus est transmis par piqûres de moustiques du genre Aedes aegypti et de moustiques tigres, pouvant également être porteurs de virus tels que la dengue et le chikungunya. Le microbe est d’ores et déjà présent dans 21 pays du continent américain. Et la crainte enfle partout dans le monde.
Six pays européens touchés
En Amérique du Nord, des dizaines d’infections ont été signalées parmi les personnes revenant des zones touchées. L’Europe est aussi ébranlée. En effet, depuis une semaine, le virus a été détecté dans six pays européens : le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, le Danemark et la Suisse. En plus de la transmission par moustique, un cas infecté par voie sexuelle a été déclaré aux Etats-Unis : « Il représente un seul cas, il ne faut donc pas céder à la panique. C’est un virus effrayant avant tout pour les femmes enceintes », explique Dr Leila Belkhir, infectiologue à l’hôpital Saint-Luc. « Nous avons une politique commune pour éviter un problème de santé publique. » La ministre de la Santé Maggie De Block a d’ailleurs certifié, dans les colonnes du Soir, qu’il n’y avait aucun risque de propagation dans notre pays.
Jusqu’à présent, aucun vaccin ni médicament préventif n’a encore été élaboré, certaines mesures sont tout de même conseillées : « Pour les femmes enceintes, ne pas partir dans les pays infectés. Pour celles qui s’y trouvent et qui ont un désir de grossesse, prendre la pilule contraceptive et, au retour, attendre au moins un mois avant de tomber enceinte », précise Dr Leila Belkhir. Les nourrissons peuvent souffrir de microcéphalie, responsable du mauvais développement du périmètre crânien et du cerveau des bébés.
“Ce n’est pas Ebola”
Face à l’emballement médiatique, certains professionnels rappellent que, hormis pour les femmes enceintes et les nouveaux-nés, le virus est bénin. Et la Belgique ne risque pas d’épidémie. « La transmission se fait par un moustique du Sud et donc, en Belgique, il n’y a aucun risque. Dans le sud de l’Europe, pendant l’été, il y a plus de risques, car quelques moustiques sont implantés, mais le virus reste une infection bénigne, peu dangereuse à l’échelle de la population”, souligne Dr Emmanuel Bottieau, infectiologue de l’Institut de médecine tropicale.
“Cette maladie passe même inaperçue, peu de symptômes sont reconnus”, précise Emmanuel Bottieau. “Les personnes contaminées le resteraient seulement deux, trois jours. Il n’y a pas de risque majeur. Ce n’est pas Ebola. C’est surtout dangereux pour les femmes enceintes qui exposeraient leurs enfants à un risque d’anomalies. Il ne faut donc pas mettre sur pied de plan national, mais il faut protéger les femmes enceintes. »
Pour l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé, le virus Zika n’est pas la priorité, mais la microcéphalie est préoccupante. « Nous essayons de voir quel facteur pourrait expliquer cette augmentation des cas de microcéphalie. Nous avons donc lancé une alerte sanitaire mondiale pour renforcer la vigilance et lancer des recherches pour savoir si il y a une liaison entre Zika et les troubles neurologiques », a déclaré Fadéla Chaib, responsable communication de l’OMS.
La meilleure façon de se protéger du virus est d’éviter de voyager dans les zones infectées. Pour les habitants, il suffit de se couvrir, de se protéger des piqûres de moustiques. Pour le moment, aucun vaccin, ni médicament prévenant l’infection par le virus Zika n’existe. Mais dès l’apparition des symptômes, il est possible d’établir un diagnostic, notamment par isolement à partir d’échantillons sanguins.