Cette semaine se tenait la 22ème conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP22). La Wallonie y a été mise à l’honneur pour ses compétences dans l’immobilier durable. L’entreprise liégeoise Helium3 a même vu son projet Cori «Paint It Green» classé parmi les lauréats du Green building Solutions Awards 2016. Ce concours est organisé par le réseau international de la ville durable, Construction21.
Hélium3 fait partie de l’ASBL Cluster Eco-Construction. Cette plateforme rassemble 270 entreprises wallonnes du secteur de la construction durable. Le directeur de l’association, Hervé-Jacques Poskin, s’est rendu à Marrakech pour la COP22. Il y a présenté les avantages et les innovations des clusters wallons de l’eco-construction.
Une spécificité de chez nous
« Ce qui fait la spécificité de la Wallonie, ce sont les matériaux bio-sources qui sont produits et puis utilisés dans la construction », explique M. Poskin. On revient à l’utilisation du bois et d’autres matériaux d’antan comme le chanvre, la cellulose ou encore la paille. « Avant, on importait nos matériaux de construction, maintenant on investit dans de nouveaux outils de production », continue l’expert. La Wallonie est même devenue exportatrice dans le domaine : mais seulement dans un rayon de maximum 400km, histoire de garder son étiquette « locale ».
En ce qui concerne les pays africains, les entreprises wallonnes n’y exporteront pas leurs matériaux mais bien leur expertise. Ils utilisent les matières premières locales, comme la terre marocaine : « pour l’instant, ce matériel relève un peu de l’ancien et fait plus penser à la cabane du fond du jardin, comme le bois en Wallonie. Mais c’est pourtant une bonne solution pour la construction durable » révèle M. Poskin.
Petite région, grandes ambitions
Il ne suffit pas de se remettre à construire comme nos ancêtres. Ce qui fait la force de la région wallonne c’est son expertise dans les processus de déphasage. Cette technique consiste à utiliser certains matériaux (ouate de cellulose, fibre de bois ou laine de chanvre) pour capter l’énergie alentour de sorte à la garder pour plus tard. De cette manière on évite toute surchauffe et on emmagasine la chaleur pour les heures plus fraîches. C’est évidemment une technique extrêmement intéressante pour les pays africains. Cette technique porte même la Wallonie à la troisième place du podium des régions d’Europe en matière de biomatériaux. Malheureusement, sa petite taille lui porte préjudice et l’empêche de se faire connaître. Elle n’obtient dès lors pas la réputation qui lui revient de droit.
En ce qui concerne l’accessibilité de ces techniques d’éco-construction, elles peuvent sembler chères, à-priori. Cependant, sur le long terme, elles deviennent rentables et donc abordables. Dans les maisons passives (isolées et par conséquent moins énergivores), la quantité d’énergie nécessaire pour le chauffage est largement moins importante. Construire avec le bois et la paille prend également moins de temps. Résultat, le coût du chantier diminue lui aussi. Tous ces éléments font des habitats écologiques une source d’économie.
COP22 : Marrakech pour sauver l’Afrique
La COP22 se termine ce vendredi 18 novembre, après cinq jours d’échanges sur l’innovation en matière d’adaptation et d’atténuation aux effets de la crise environnementale. Le sommet se tenait cette année, tout comme en 2001, à Marrakech, au pied des montagnes de l’Atlas. Et le choix de ce lieu n’a pas été anodin : à l’échelle du continent africain, région largement exposée aux conséquences désastreuses du réchauffement climatique, le Maroc sait qu’il peut servir de modèle.
Le pays est à la pointe en ce qui concerne l’énergie solaire. Il a, par exemple, déjà rendu illégale la distribution des sacs plastiques. Sans compter que, pour la COP22, l’état a investi 7,5 millions d’euros dans des projets environnementaux : bus électriques, éclairage public via panneaux solaires et réhabilitation d’espaces verts à l’abandon… De quoi en inspirer plus d’un ! D’ailleurs, avant-hier, en marge de la COP et toujours dans la ville rouge, se sont réunis une trentaine de chefs d’état africains pour débattre des négociations sur le climat.