Ingénieur du son et professeur à l’IHECS, Yvan Hanon, présente son documentaire radio « Sur le fil » diffusé pour la première fois par La Première, le 19 octobre dernier. Son projet de 27 minutes, porte sur le burn out, trouble caractéristique de notre société. Pour le BBB, il a accepté de revenir sur le making of de son travail produit dans le cadre de son master en réalisation radio à l’IAD.
Comment est venue l’idée de ce sujet ?
L’initiative m’est venue lors de la lecture du bouquin de Pascal Chabot sur le Global burn-out, ce livre m’a vraiment parlé, je me suis dit : « il faut en faire un documentaire radio ». L’idée de ce documentaire était d’en faire un récit croisé, faire un témoignage et voir comment les gens ont vécu les étapes de la maladie.
Avez-vous personnellement été en contact avec cette maladie ?
J’ai rencontré ces gens qui ont traversé des burn-out très importants et ne s’en remettent pas en quelques semaines. Ils m’ont touché et je voulais sensibiliser les autres. Les gens souffrent de ce trouble quand ils atteignent la limite de leur corps. Cela se manifeste par une perte de sommeil, une perte d’appétit…
Je me posais des questions sur la société, le rendement qu’on demande aux gens, on les pousse toujours plus loin et il y en a qui tombent. On demande aux gens d’en faire toujours plus. C’est l’exemple du journaliste qui doit travailler toujours plus vite, avec moins de moyens et dont certains subissent beaucoup de pressions. On parle beaucoup du burn-out dans les grosses entreprises, mais ce n’est pas seulement cela, ça peut toucher tout le monde. Mes témoins étaient composés d’une assistante de direction, un technicien de spectacle, un artiste et un employé dans le social. Lorsqu’ils sont dans un burn-out, ils sont dans un contexte où leur métier n’a plus de sens.
Vous avez traité un sujet sensible, avez-vous rencontré des difficultés ?
Quand j’ai trouvé mes témoins, je leur ai demandé si ils voulaient bien témoigner. Certains ont voulu réfléchir avant de se lancer, d’autres n’étaient pas sûrs de vouloir en parler. On a du mal à avouer « qu’on n’a pas pu ». On n’est pas dans une société qui nous permet de dévoiler nos faiblesses, c’est cela aussi que je voulais montrer.
Quelle a été votre méthode de travail ?
Des entretiens. L’écoute a été primordiale. La plupart des gens interrogés venaient de sortir du burn-out, d’autres y étaient encore… Je leur ai bien précisé que leurs expériences pourraient sensibiliser à ces pathologies. Ils ont tous accepté et avaient envie de partager leur vécu. Pour cela, ils ont témoigné sous l’anonymat ou ont donné juste leurs prénoms. « Sur le fil » était un travail de six mois avec parfois trois heures d’entretien par personne et beaucoup de montage.
Pourquoi et comment présenter un tel sujet à la radio ? Comment faire vivre un reportage juste avec du son ?
Parce que j’aime la radio et je travaille dans l’atelier de création sonore radiophonique de Bruxelles. C’était l’occasion de produire un premier documentaire en tant que réalisateur. C’est plus intéressant de le réaliser en radio plutôt qu’en audiovisuel. L’image n’apporterait rien, ou peut-être des problèmes pour l’anonymat. La radio est un contexte propice pour parler de l’intimité des gens.
Outre les entretiens, il y a aussi une réflexion sur l’univers sonore avec une ambiance assez pesante…
Je n’avais pas envie de dramatiser le propos. Le son du début est oppressant et représente les premiers symptômes de la maladie. Tous ces signes sont là, on ne sait pas quoi faire. J’avais envie de créer ce climat de tension grâce à ce son. Ce n’est pas un sujet drôle. Je laisse des silences entre les intervenants et ça permet d’appuyer certains moments, ce son a permis de poser les voix avec un rythme.
Comment avez-vous choisi les parties d’intervention ? Et comment les agencer
Tous les témoignages sont montés par ordre chronologique. D’abord les premiers signes, puis le burn-out, puis la suite : comment ils essaient de s’en sortir. Vient alors la rechute, et enfin la survie : comment reprendre une vie normale après une maladie qui vous a transformé ? Certains ont changé de boulot, d’autres pas.
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[…] en ces temps où on montre tout, est des plus judicieux. Comme Yvan l’explique sur le Bruxelles Bondy Blog « C’est plus intéressant de le réaliser en radio plutôt qu’en audiovisuel. […]
J’écoute à l’instant… Je reconnais bien l’absence de sens… 9 mois dans mon cas.
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